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Face à la pénurie du foncier, les projets logistiques à valeur ajoutée se multiplient

Une toiture végétalisée permet à l’hôtel logistique de mieux se fondre dans la ville. . © Chartier Dalix pour Sogaris
Article publié dans le journal Les Échos – Le 15 mars 2023

Pour répondre aux besoins des transporteurs du premier et du dernier kilomètre, les sites logistiques multimodaux et multiactivités se développent avec le souci de mieux s’intégrer dans les villes.

 

L’explosion du e-commerce et l’interdiction en 2025 des véhicules les plus polluants dans une trentaines de nouvelles « zones à faible émission-mobilité » vont favoriser le recours aux entreprises de cyclologistique. Elles sont déjà plus de 200 à opérer en France. Or, du fait de la pénurie du foncier en centre-ville, ces acteurs du dernier kilomètre éprouvent des difficultés pour y implanter leur hub. « Notre périmètre d’action, soit 2 km en moyenne pour la livraison de colis, empêche de nous implanter en périphérie », explique Gaetan Piegay, responsable projets des Boîtes à Vélo, une association réunissant plus de 200 entreprises, dont une quarantaine en cyclologistique. 

 

Le manque de surface disponible n’est pas vraiment une surprise. « Dans les grandes villes comme Paris, Nantes et Lyon, la pénurie du foncier logistique est structurelle et bien installée », rapporte Diana Diziain,directeur délégué de l’Afilog, l’association dédiée à l’immobilier logistique. Cette dernière observe que, pour les bâtiments logistiques de moins de 10 ans, le taux de vacance est d’ailleurs proche de zéro en région lyonnaise et un peu plus élevé en Île-de-France – en moyenne à 2 %. En revanche, ce taux est plus élevé dans le bassin orléanais et dans les Hauts de France grâce à des politiques d’accueil plus favorables. 

 

Cette démarche devrait faire tâche d’huile. Partout en France, à l’initiative de l’État et grâce à la loi « Climat et résilience », les territoires entament des démarches de planification afin d’établir une carte opérationnelle des implantations logistiques à venir. A l’instar de la région Normandie qui espère ainsi développer la multimodalité et optimiser le foncier. 

Le P4 se loge sous le périphérique, à gauche sur la photo © Thomas Garcia pour Sogaris

En région francilienne, Paris montre la voie avec la révision de son PLU ( Plan local d’urbanisme) qui prévoit de créer de nouveaux espaces pour la logistique. De quoi compléter les 62 parcelles déjà créées lors de la révision du PLU en 2016. Gageons que les implantations futures s’inspireront des tendances portées par les sites emblématiques de la Capitale. Parmi lesquels, l’espace logistique urbain (Elu) de Beaugrenelle Chronopost qui a été aménagé dans un  parking non occupé du 15ème arrondissement. Autre exemple de site implanté sur une zone délaissée, l’Elu P4 s’élève sous le pont du périphérique, porte de Pantin. Ce micro-entrepôt d’environ 800 m² accueille depuis deux ans Ecolotrans, une entreprise qui opère ses tournées avec des vélos-cargo et des véhicules légers électriques. Enfin, citons l’hôtel logistique (HL) Chapelle International dans le 18ème qui s’étend sur 45 000 m² dont 15 000 m² embranchés fer, 30 000 m² dédié à la logistique urbaine et 10 000 m² de bureaux. Point commun, ces ELU et cet HL ont été conçus par Sogaris, le spécialiste de l’immobilier logistique qui mène un autre projet multiactivité baptisé Les Ardoines (35 000 m²) à Vitry-sur-Seine. Début 2024, il sera occupé par Saint-Gobain et une entreprise internationale de livraison urbaine qui tient à rester anonyme.  

Enfin, au nord ouest de Paris, sur le Port de Gennevilliers, la plateforme Green Dock portée par le promoteur Goodman se distingue par son ampleur. Soit 90 000 m² sur 600 mètres de longueur et quatre étages. Tourné vers la logistique urbaine et multimodale, le site devrait ouvrir ses portes en 2026.

 

Bien-sûr, la région Auvergne-Rhône-Alpes n’est pas en mal de projets porteurs. A l’instar du HL sur le port Edouard Herriot à Lyon dédié à la gestion du premier et dernier kilomètre. Fruit d’un partenariat entre LPA, le groupe d’aménagement Serl et La Poste Immobilier, il s’étend sur plus de 28 000 m² et sur deux niveaux accessibles aux poids-lourds. Sa livraison est prévue cette année. Plus du tiers sera alloué à Urby et DPD, les filiales du groupe la Poste qui a prévu d’investir 200 millions d’euros d’ici 2026 dans le développement de son immobilier logistique.

 

© Eliane Kan / Agence TCA