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Opalean propose une application Pallet Analytics qui détecte les risques financiers liés aux palettes.

© Opalean

Des solutions numériques pour réduire le coût de gestion des palettes Europe

Les éditeurs et acteurs de la gestion des palettes rivalisent d’imagination pour offrir à leurs utilisateurs des outils qui vont réduire le coût financier et environnemental des supports de manutention standard.

Article publié le 23 mars 2021 dans L’Officiel des Transporteurs.

95 % des marchandises sont transportées sur des palettes Europe, à savoir des supports de manutention standard. Il y en aurait plus de 500 millions en circulation sur le Vieux Continent. Or l’obligation faite aux transporteurs de retourner les palettes aux expéditeurs engendre de multiples frais. À commencer par le coût du carburant que consomme le camion, les heures de conduite du salarié, l’usure et l’entretien du véhicule. Sans compter les frais de déplacements du conducteur et du péage ainsi que les kilomètres à vide. Faute d’être optimisé, le coût de gestion et des retours de palettes coûterait aux transporteurs de 7 % à 12 % de leur budget annuel ou une perte de 10 % de la marge d’après l’éditeur MagicPallet.

Une application mobile en préparation

À ces coûts financiers, s’ajoute l’impact environnemental des émissions de CO2 générés par le retour en camion des palettes. Autant de points noirs qui ont amené des transporteurs associés à des groupements de transport à créer l’entreprise Palet Facility Management-Solutions (PFM-Solutions). Laquelle se spécialise dans l’affrètement et l’organisation des transports de palettes. Basée à Ingré (45), cette PME de quatorze salariés compte aujourd’hui 800 utilisateurs principalement dans le transport et près de 300 points de services en France. « Il y en avait 230 en 2020 », fait savoir Frédéric Guérin, le directeur général de PFM-Solutions qui espère atteindre cette année huit millions de mouvements de palettes contre 5,3 millions en 2020. Pour mutualiser davantage les flux de palettes, l’entreprise étoffe son offre avec des services digitaux. À l’instar de Palbank Market, sa bourse d’échange sur Internet. « Avec ce service en ligne, les transporteurs localisent sur une carte interactive des stocks et des bons de palettes qu’ils peuvent échanger entre eux » indique le directeur général. Ce dernier prévoit de lancer une application mobile au printemps afin de simplifier l’usage de ses services. Actuellement en test, l’application permettra aux transporteurs de saisir une opération de dépose ou de reprise de palettes en géolocalisant le point de service le plus proche. Ils pourront aussi utiliser le service Compensal qui permet déjà de relocaliser des palettes, sans avoir à effectuer de transport ni de transferts. Et ce, par le simple jeu de la compensation virtuelle.

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Frédéric Guérin, directeur général de PFM-Solutions : « Nous espérons atteindre cette année huit millions de mouvements de palettes. »
© PFM-Solutions

Une offre gratuite pour les TPE et artisans

La mutualisation et l’échange de palettes réduit sensiblement le coût financier et l’impact environnemental de cette activité. Un argument que met aussi en avant l’éditeur MagicPallet. Créée en 2017 à Montpellier (34), l’entreprise a lancé en 2018 sa plateforme qui compte aujourd’hui près de 150 transporteurs utilisateurs ainsi que des industriels et des distributeurs comme Castorama, Casino, Leroy-Merlin, Lidl ou encore U-Log. Avec l’application MagicPallet, un conducteur qui se trouve sur la route peut géolocaliser les entreprises qui sont en demande de palettes. « Il pourra ainsi revendre le lot qui se trouve dans son camion ou l’échanger contre des bons papiers », explique Pierre-Edouard Robert, le président de l’entreprise qui compte 22 collaborateurs dont sept ingénieurs. Au plan technique, MagicPallet recourt à des algorithmes d’intelligence artificielle et des modèles prédictifs. Grâce à ces outils, la plateforme émet des propositions d’échange ou de stockage de palettes en tenant compte du profil des utilisateurs. Mais aussi des besoins qu’ils ont exprimés ainsi que de leurs recherches. « Nous les aidons ainsi à anticiper et à gagner du temps », explique Pierre-Edouard Robert. Soucieux de s’ouvrir au plus grand nombre, ce dernier a créé un pack gratuit pour les TPE et artisans qui ont de un à cinq camions. L’offre a déjà été adoptée par près de trente utilisateurs qui peuvent ainsi vendre ou échanger jusqu’à 1 000 palettes tout en réduisant leur impact environnemental.

Une ‘‘Tour de contrôle’’ pour les palettes

Les outils digitaux contribuent aussi à optimiser le flux de palettes dans une optique d’économie circulaire. C’est d’ailleurs ce que propose l’éditeur Opalean avec sa plateforme collaborative. Dédiée à la gestion des palettes Europe, elle s’interface avec les TMS du marché. Créée en 2012, la PME lilloise de huit personnes dont quatre ingénieurs compte 3 000 utilisateurs travaillant pour 600 clients français et européens dont 30 % de transporteurs. Les 70 % restants étant, entre autres, des industriels et distributeurs. Certains, comme Leroy Merlin, peuvent prescrire Opalean à leurs fournisseurs de transport. « Notre plateforme agrège tous les acteurs autour d’un outil unique afin de partager en temps réel l’information de manière à optimiser la gestion des flux de palettes, fait valoir Thierry Sustar, directeur associé d’Opalean. Avec notre outil, les utilisateurs réduisent de 30 % à 40 % le temps administratif consacré à la gestion des palettes. »

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Thierry Sustar, directeur associé d’Opalean : « Avec notre outil, les utilisateurs réduisent de 30 % à 40 % le temps administratif consacré à la gestion des palettes. » © Opalean

Pour l’heure, le transporteur scanne sa lettre de voiture qui précise le nombre de palettes remises et restituées. Pour lui faire gagner du temps, Opalean prévoit de s’interfacer avec des solutions métier de Proof Of Delivery. Ce qui permettra à ses utilisateurs de récupérer automatiquement le nombre de palettes transmises et restituées. Pour aider les transporteurs à aller un cran plus loin dans la gestion des palettes, ce dernier a lancé l’an dernier Pallet Analytics. Cet outil d’analyse et de reporting sert de ‘‘tour de contrôle’’ afin de piloter et de superviser les flux de palettes des différentes agences. L’idée étant de calculer les risques palettes liés à chacune d’entre elles. Et ce, notamment en suivant les taux de restitution et les dettes palettes afin d’éviter les blocages de factures et les facturations liées aux palettes non restituées.

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Opalean propose une application Pallet Analytics qui détecte les risques financiers liés aux palettes.
© Opalean

Développement annoncé du e-Voucher

La digitalisation des bons palettes est aussi en ordre de marche. En témoigne l’e-Voucher de Paki Logistics, une entreprise spécialisée dans la relocalisation de palettes. Cette filiale du groupe néerlandais Faber Halbertsma propose un service clé en main qui simplifie la gestion documentaire des palettes grâce au bon palette dématérialisé. Objectif : simplifier la gestion de ces supports et des documents qui y sont liés. L’enseigne Lidl a ainsi été la première à l’avoir adopté sur l’ensemble de ses sites européens. D’autres distributeurs comme Carrefour et Auchan testent ce concept. « Depuis 2020, de nombreux PoC (Proof of Concept) ont été déployés en Europe dont plusieurs en France », rapporte Fabrice Chenut, directeur des ventes France et Espagne chez Paki Logistics. Ce système d’e-Voucher présente de multiples avantages pour les transporteurs. Leurs conducteurs n’ont plus à patienter sur les plateformes pour récupérer des palettes dont la manutention est, rappelons-le, source de Troubles musculosquelettiques. Pour chaque livraison, les conducteurs reçoivent un bon palette dématérialisé sur lequel est indiqué la quantité déposée. Pour créditer leur compte palettes, il leur faut juste saisir ou scanner à l’aide d’une douchette le code-barre apposé sur l’e-voucher. Transférable à un tiers, celui-ci permet d’accéder à l’ensemble des services de Paki. À cet égard, l’opérateur propose aux transporteurs son application Drop & Drive afin de les aider à trouver un spot Paki pour déposer de petites quantités de palettes à proximité de leur trajet

© Eliane Kan et Erick Haehnsen/ Agence TCA.

Les loueurs et gestionnaires de palettes jouent la carte de l’innovation

Palette connectée pour IPP et outil d’intelligence artificielle pour mutualiser les flux chez Chep… les loueurs et gestionnaires de palettes misent sur les innovations pour conquérir et fidéliser leurs clients.

Les pertes de palettes sont la hantise des transporteurs. D’où l’intérêt d’équiper les palettes d’un module radio pour les géolocaliser. Un sujet sur lequel IPP, un loueur et gestionnaire de palettes se mobilise. Cette filiale du groupe Faber Halbertsma a pour clients des industriels et distributeurs. Chaque année, il expédie pour leur compte 50 millions de palettes en Europe dont 14 millions de palettes en France. Afin de limiter les pertes de palettes, le groupe IPP a noué un partenariat avec Global Tracks, un spécialiste des solutions IoT (Internet des objets). Ce dernier a développé un module radio qui se fixe sur les palettes d’IPP. Lesquelles sont reconnaissables par leur couleur brune. « Grâce à cette technologie, nos clients pourront en temps réel géolocaliser nos palettes, les suivre et numériser toutes les données relatives à leur expédition », indique Thibaut Esnée, directeur d’IPP France. Depuis la fin de l’année, 1 000 palettes connectées sont en test au Benelux. S’ils s’avèrent concluants, la technologie sera déployée au sein du groupe en 2021. De quoi intéresser ses partenaires transporteurs qui pourront, grâce au numéro des palettes, les localiser et limiter ainsi les risques de litige.

Thibaut-Esnée-directeur-d-IPP-France-La-palette-connectée-va-diminuer-les-litiges-liés-aux-pertes-de-support
Thibaut Esnée, directeur d’IPP France : « La palette connectée va diminuer les litiges liés aux pertes de support. »
© IPP

L’IA pour mutualiser les palettes

De son côté, le loueur et gestionnaire de palettes Chep innove avec un outil d’intelligence artificielle qui permet de mutualiser le transport des palettes. De quoi notamment réduire les kilomètres à vide et les émissions de gaz à effet de serre. « En comparant les flux déclarés par nos clients, je peux leur indiquer quelles sont les mutualisations potentielles et leur apporter ainsi des synergies de transport », indique Latifa Gahbiche, PDG de Chep France et Maroc. L’entreprise s’est d’ailleurs récemment illustrée au ROI de la Supply Chain en arrivant à la seconde place avec un projet de mutualisation avec le groupe de transport Combronde et Nestle Waters France (NWF). L’industriel cherche à réduire son empreinte environnementale tout en préservant sa rentabilité économique. Dans cette perspective, deux boucles ferroviaire et routière ont été créées afin de mutualiser ses flux. L’usine d’eaux minérale de NWF située dans les Vosges est reliée par une boucle ferroviaire à Montreuil-Bellay (88) où se trouve la plate-forme logistique de Combronde. Chaque jour, ce dernier réceptionne des bouteilles d’eau livrées par trois à cinq trains. Ces produits sont livrés ensuite par camion à la grande distribution. En retour, Chep utilise cette même flotte pour acheminer les palettes vides vers le nouveau centre de service automatisé de Combronde installé également à Montreuil-Bellay. Elles y sont inspectées et réparées avant d’être chargées dans les trains de retour en partance pour Les Vosges. Grâce à cette mutualisation routière, ferroviaire et logistique, 416 tonnes de CO2 sont économisées à l’année grâce à la boucle ferroviaire et 136 tonnes de CO2 par la boucle routière.

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Si les tests s’avèrent concluants, la palette connectée sera déployée en 2021.
© IPP

© Eliane Kan / Agence TCA

Transports Guidez utilisera l’outil de gestion des palettes du groupe Primever

Filiale du groupe Primever, Transports Guidez opère 1,2 million de palettes par an. Aujourd’hui, l’entreprise recourt aux services de Paki Logistics et de MagicPallet. Demain, elle travaillera avec le logiciel de gestion des palettes qui sera déployé au sein du groupe.

« La gestion des consignes étant un poste à perte, mon rôle consiste à les diminuer », résume Frédéric Petit, en charge de la gestion des emballages chez Transports Guidez. Créée en 1985 à Monchy-Le-Preux (62), l’entreprise est spécialisée dans le transport frigorifique des fruits, légumes et autres produits frais. Elle compte 550 collaborateurs dont 330 chauffeurs. Ses quelque 220 camions livrent partout en France les plate-formes des enseignes de la grande distribution, des industriels et des différents Min (Marchés d’intérêt national). « Chaque année, nous transportons 1,2 million de palettes dont la moitié est consignée », explique Frédéric Petit.

Frédéric-Petit-en-charge-de-la-gestion-des-emballages-chez-Transports-Guidez-La-gestion-des-consignes-est-un-poste-à-perte
Frédéric Petit, en charge de la gestion des emballages chez Transports Guidez : « La gestion des consignes est un poste à perte. »
© Transports Guidez

Depuis son arrivée, le responsable des emballages a réussi à réduire fortement le budget palettes. Par exemple, pour 900 euros dépensés auprès de confrères afin de relocaliser ses palettes, cela lui revient à 600 euros avec Paki Logistic, une entreprise spécialisée dans la relocalisation de palettes. Et à 300 euros lorsqu’il recourt à MagicPallet. Cet éditeur lui permet d’échanger ses stocks ou ses bons palettes avec d’autres utilisateurs de la plate-forme à laquelle l’entreprise Transports Guidez s’est abonnée. « Lorsque je ne peux pas collecter ou déposer les palettes chez un confrère, je recours à Paki Logistic », explique le collaborateur de Transports Guidez qui appartient depuis 2019 au groupe Primever. Lequel rassemble 2 600 collaborateurs, 1 000 ensembles roulants et opère 12 millions de palettes par an. Ce groupe prévoit de déployer son propre outil de gestion des palettes. En cours de développement, il permettra aux différentes entités du réseau Primever d’échanger et de relocaliser leurs palettes à moindre coût. Ce qui ne l’empêchera pas, en cas de besoin, de recourir aux services de MagicPallet et de Paki.

© Eliane Kan et Erick Haehnsen/ Agence TCA