Interview d’Isabel Salva, co-gérante des Transports Salva. Basée près de Perpignan (66), l’entreprise transporte essentiellement des matières premières en vrac et conditionné à destination de l’industrie, en France et dans les pays frontaliers. Située en France où elle réunit 45 conducteurs et une flotte constituée notamment de 40 tracteurs routiers, elle possède aussi depuis 1996 une filiale en Espagne.
Quelle est la stratégie de Transports Salva en matière de flux européens et qu’en est-il de vos flux par rapport à l’Espagne ?
La majorité de nos flux européens se font essentiellement avec des pays frontaliers de la France. Comme le Benelux, l’Allemagne ou l’Espagne. Nous savons répondre à des besoins spécifiques en matière d’intermodalité, par exemple maritime ou en ferroviaire, voire à des demandes métiers pour l’alimentation et la pharmacie. En 1996, nous avons créé une société en Espagne afin de répondre avec un personnel local aux besoins de clients. En 2024, sur l’Espagne et la France, les flux sont en majorité entrants en pulvérulents alors qu´en fret conditionné, ils sont sortants.
En quoi la législation française et européenne constitue-t-elle (ou non) un levier ou un frein pour redonner des couleurs au pavillon français ? Et que pensez-vous du paquet mobilité ?
Sur certains points, la législation européenne est transcrite de manière différente dans les droits nationaux,en fonction de la culture de chaque pays. Ce qui aboutit bien souvent plus à un frein qu´à un effet de levier. Quant au paquet mobilité, sa mise en œuvre avec notamment retour dans le pays d´origine était nécessaire pour sauver notre pavillon. Et ce, après avoir déjà perdu trop de flux sur l´international.
A l’instar de l’Allemagne qui recourt aux conducteurs turques et à l’Italie aux conducteurs roumains et bulgares, craignez-vous que le pavillon français perde sa culture de conducteurs ?
La pénurie de conducteurs est européenne. Si aller chercher des conducteurs de plus en plus loin est l’unique levier pour certains pays européens, la France a des dispositifs de formation comme le CAP conducteur routier qui permettent de capter des jeunes dans un métier en pleine évolution. Cela peut éventuellement constituer un atout pour les flottes françaises.
© Propos recueillis par Eliane Kan / Agence TCA