Publié dans La Tribune le 6 mars 2019. Plus que l’argent, la reconnaissance du travail effectué, le sentiment d’apprendre, l’accomplissement de ses missions jusqu’au bout… sont autant de facteurs de motivation. Mais l’employabilité durable des collaborateurs et leur participation au processus d’innovation constituent également de puissants moteurs de motivation.
Niveau d’engagement, bonne humeur, énergie positive au travail… certains collaborateurs déplacent de montagnes. Ils sont MO-TI-VÉS ! Une équipe soudée et hyper motivée… c’est le rêve de tous les dirigeants, de tous les managers et bien sûr de tous les salariés. On pourrait croire que motiver ses troupes passe d’abord par l’argent. Comme avec la prime Macron (687 euros en moyenne), élaborée en réponse au mouvement des « gilets jaunes », qui a été versée par 74 % des entreprises, selon un sondage de l’Association des directeurs des ressources humaines rapporté par Les Echos.
Positiver le travail effectué avant d’en demander davantage
Or les primes, c’est comme les augmentations de salaire. « La motivation induite dure très peu de temps. Après, on attend juste la prochaine pilule », recadre Karine Aubry, coach en management et RH qui anime le blog L’Œil du Kolibri. Selon la théorie de Frederick Herzberg, il existe tout d’abord des facteurs de motivation qui sont de l’ordre de l’hygiène : sécurité et conditions de travail, salaire, équilibre vie pro-vie perso. C’est le minimum à remplir pour motiver les salariés. » Viennent ensuite les motivations les plus importantes qui tiennent compte du sens du métier, voire de son éthique, et de l’épanouissement personnel : la reconnaissance par la direction et l’équipe du travail effectué, le sentiment d’apprendre sans cesse, l’accomplissement de ses missions jusqu’au bout. Cet aspect passe par des messages concrets de félicitation. Les occasions ne manquent pas : en séance plénière, en petit comité, en entretien de face à face, par un mail personnel ou collectif… « Parfois, le dirigeant le fait dans sa tête mais oublie de le dire concrètement à la personne concernée. Or de tels messages peuvent avoir un très grand effet, reprend Karine Aubry. Il faut toujours penser à positiver ce qui a été déjà fait avant d’en demander davantage. » A contrario, le mythe de placer la barre toujours plus haut, sensé maintenir les équipes sous pression, se révèle malsain. « La réalité, c’est qu’avec des objectifs impossibles à atteindre, les gens se démotivent parfois sans même le dire », insiste Karine Aubry. Retards, absences, râleries se multiplient.
Inciter à rester non pas par défaut mais par envie
Les équipes peuvent rester motivées si la quête de sens de chaque collaborateur s’aligne sur le sens de la mission que se donne l’entreprise. Pour celle qui a vocation à sauver la planète, la tâche sera plus aisée que pour celle qui vend des petits pois. « C’est là où la culture intrinsèque de l’entreprise va impacter la motivation des collaborateurs. Même si le métier de l’entreprise n’est pas sexy, c’est la manière de gérer les équipes qui doit l’être. En ce cas, la motivation, c’est de faire partie d’une équipe qui fait sens grâce à la relation aux autres », souligne Nicolas Bourgery, président de Very Up et de Teach Up, deux start-up lyonnaises du secteur EdTech qui emploient en tout une cinquantaine de salariés et 500 formateurs indépendants. Ce Serial Entrepreneur mise également sur l’employabilité durable de ses salariés. Le raisonnement mérite qu’on s’y arrête : « A première vue, plus l’entreprise développe les compétences des salariés, plus facilement ils peuvent partir. En réalité, ils restent non pas par défaut mais par envie », développe Nicolas Bourgery. L’entreprise gagne en alors efficacité sur deux tableaux : ses collaborateurs sont bien formés et motivés.
Faire participer les équipes à l’innovation technologique
Pour Samya Bellhari-Trahin, ergonome et psychologue du travail chez le logisticien FM Logistique (24 000 salariés dont 6 000 en France), la motivation s’appuie sur des processus participatifs. « Nous essayons d’améliorer les conditions de travail en faisant participer les salariés à la recherche et à l’évaluation de solutions innovantes car ce sont eux les experts de leurs métiers, explique-t-elle. Par exemple, ils testent un exosquelette cervical de la start-up Vizo qui vise à préserver la nuque des caristes, obligés de mettre la tête en arrière pour manipuler des palettes à 5 m ou 10 m de hauteur avec leur chariot élévateur. » Quant aux caristes, ils s’en retrouvent à la fois soulagés physiquement et valorisés en tant que parties prenantes au processus d’innovation. De quoi déplacer des montagnes de marchandises… sans se faire mal.
©Erick Haehnsen