Attentats, intrusion, alerte incendie, agressions… Securoom, créée en 2019, propose un système de sécurité communautaire sur smartphone basé sur l’intelligence artificielle. Implantée à Calmont (31), cette start-up de cinq salariés adapte son système de prévention et gestion des risques aussi bien aux grandes qu’aux petites organisations. Interview de son directeur technique, David Léal.
Quelle est la philosophie générale de votre offre ?
C’est de protéger les employés, quelle que soit la taille de l’organisation. Or chacune organisation comporte ses propres spécificités et ses propres dangers. Nous l’aidons à définir ses risques au travers d’un audit préalable. Par exemple, pour la Croix rouge, cet audit portait sur les risques d’attentat, d’intrusion, d’alerte incendie ou d’agression. Avec les communes, nous nous basons sur le plan communal de sauvegarde ou sur le plan de gestion des risques. Ensuite, nous définissons avec le client les procédures à suivre en cas d’urgence : diffusion de l’alerte selon le profil, envoi de SMS aux membres ou selon des listes, diffusion de consignes vocales aux personnes connectées à notre service, contact des services de secours, lancement de scripts pour les objets connectés…
Vous proposez un centre de sécurité virtuel. Comment fonctionne-t-il ?
Le centre de sécurité Securoom visualise les flux de l’ensemble d’un réseau de caméra existant, voire les flux communautaires des smartphones des utilisateurs. Notre intelligence artificielle (IA) va alors détecter et automatiser le déclenchement d’alertes en temps réel et générer des rapports de surveillance afin de fournir un compte rendu des anomalies constatées. Le principe est simple : lorsque notre IA détecte une anomalie liée au paramétrage du client, une alerte se déclenche. Seules sont enregistrées les données liées à ces paramètres. Par exemple, on peut contrôler le port du masque dans les locaux. Dans une boulangerie, une caméra pointée vers les stocks, peut déclencher la commande au fournisseur lorsqu’il n’y a plus assez de farine….
Comment pouvez-vous personnaliser votre IA ?
D’entrée de jeu, nous avons défini 80 classes d’objets. Par exemple, les couteaux, les armes, les animaux, les véhicules… ensuite, sur commande, nous réalisons des modèles d’IA pour la reconnaissance personnalisée d’objets. Nous proposons ainsi du dénombrement, du comptage, du regroupement d’objets, de personnes ou de véhicules.
Votre IA est-elle « éthique » ?
Oui. Nous ne stockons pas les images des personnes mais seulement les coordonnées des points de leur visage. Grâce à cette anonymisation, l’agent de sécurité ne voit que des visages floutés. Nous sommes donc compatibles avec le Règlement général sur la protection des données personnelles en Europe (RGPD).
Pouvez-vous décrire le système de communication de votre module de gestion de crise ?
Nous l’avons élaboré avec Croix rouge. Nous commençons par définir les personnes internes et externes qui vont recevoir sur PC, tablettes ou smartphone les messages d’alerte en fonction du risque et du profil. Ensuite, la communication s’effectue via l’application temps réel. L’avantage, c’est qu’elle embarque un bouton d’alerte qui, s’il est activé, ne filme que les séquences vidéo problématiques après accord de l’utilisateur. Associé au classique login et mot de passe, c’est un double système d’acquiescement. Seules les données nécessaires (géolocalisation, vidéo, type d’alerte, nom de la personne qui alerte) sont utilisées. C’est du Privacy by Design.
Erick Haehnsen