Face à l’augmentation du prix des véhicules neufs, particuliers et entreprises privilégient les formules locatives sur le crédit auto. Une manière d’avoir une prévisibilité sur les coûts et de les lisser, sans s’engager à trop long terme sur une carburation. A présent, les formules locatives s’étendent aux véhicules d’occasion.
« Sur la période 2005-2021, le prix des véhicules neufs (VN) a augmenté deux fois plus vite que le revenu des ménages, avant même le choc des prix en 2020-2022 consécutif à la succession des crises et à ses effets », résume Flavie Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem qui, en octobre dernier, a publié l’étude. La voiture, quoiqu’il en coûte ? « Entre 2010 et 2022, le prix moyen d’une voiture a bondi de 19 800 euros à 32 000 euros, confirme Julien Billon, DG Aaa Data, une société parisienne de valorisation de la donnée (17 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, 70 salariés). Gamification de la conduite, complexification de la conception des véhicules, équipements plus nombreux, notamment électroniques, augmentation du coût des matières premières et des composants électroniques… la hausse des prix a de multiples causes hausse. « Quoi qu’il en soit, depuis cette année, nous assistons à une bascule de l’achat propriétaire en crédit auto (72 % en 2011, contre 43 % en 2022) vers le véhicule financé par formule locative (23 % en 2011 contre 52 % en 2022). Et ce, à égalité entre les particuliers et les entreprises », reprend Julien Billon.
Préserver le pouvoir d’achat
Location avec option d’achat (LOA), location longue durée (LLD) ou crédit-bail (pour les entreprises), ce ne sont pas les services que ces financements apportent qui, aujourd’hui, suscitent l’adhésion des consommateurs. « C’est plutôt la préservation du pouvoir d’achat qui conduit les consommateurs vers les solutions financées. Face à l’augmentation du prix et de l’usage des véhicules qui poussent à chercher les moyens de lisser la charge », poursuit Julien Billon. Dans un contexte de forte fluctuations du prix du carburant et des réglementations environnementales contraignantes, les formules locatives offrent des coûts prévisibles et réduisent les risques. « Avec la proche arrivée des Zones à faible émission (ZFE), les conducteurs voient dans la LOA une manière de ne pas s’engager à long terme sur le choix d’une carburation. Ils conservent ainsi une option de sortie si le diesel n’est plus accepté dans leur ville », précise Marie Laloy, directive marketing et services d’Arasmis Auto, une plateforme de rachat et de vente de VN et véhicules d’occasion (VO ) reconditionnés dans ses sept usines en Europe qui réalise un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros en 2022 et emploie près de 1 000 collaborateurs. Cette année, la société a brassé 80 000 véhicule dont 12 000 en VN. « Notre activité de véhicules de reconditionnés a bondi de 56,2 % ! Nous avons alors ouvert une seconde usine de reconditionnement à Saint-Pierre-lès-Neumours (77) »,détaille Marie Laloy dont les VN partent à 85 % en LOA et les VO à 22 %.
Extension de la LLD aux VO
D’après le Baromètre des flottes automobiles 2022 de l’Observatoire Arval Mobility, une entreprise sur deux en France (49 %), toutes tailles confondues, déclare vouloir développer la LLD ou y recourir dans les trois ans à venir. Phénomène récent : la LLD s’étend à présent au VO. Un VN en LLD en contrat de trois à ans cinq ans peut ainsi connaître une seconde vie en LLD jusqu’à trois années supplémentaires, soit une durée de vie totale de sept à huit ans. « Il s’agit de véhicules dont nous avons le pédigrée et le dossier d’entretien », souligne un responsable du français ALD Automotive, leader européen de la gestion de flottes et des mobilités qui, depuis le début de l’année, propose la LLD pour VO aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers. Avantage : cette formule locative permet aux conducteurs d’obtenir très rapidement un véhicule Crit’Air 1 ou 2 alors que les délais de livraison des VN ne cessent de s’allonger. « Cette tendance va s’accentuer avec le véhicule électrique, estime Julien Billon. D’autant que sa valeur résiduelle reste
élevée tandis que les organes mécaniques s’usent peu. »
© Erick Haehnsen