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Le TMD confronté à une économie morose

Premat réalise 20 % de son chiffre d’affaires avec la livraison de gaz conditionné ainsi que de produits pétroliers en stations services. © Premat
Article publié dans L’Officiel des Transporteurs - Le 29 octobre 2024

Bien que les ventes de carburants routiers, de gaz et de produits chimiques demeurent en repli, les transporteurs veulent rester confiants.

En 2024, le marché du transport de matières dangereuses (TMD) poursuit sa légère décroissance. En cause, la baisse de la consommation de produits pétroliers, de gaz et de produits chimiques. Depuis près de deux ans, l’industrie chimique n’utilise, en moyenne, que 75 % de ses capacités de production. Mécaniquement,  tandis que son chiffre d’affaires recule. Soit 108 milliards en 2023 contre 129 milliards en 2022, selon France Chimie. Autre point préoccupant, la consommation de gaz atteint un niveau historiquement bas à 417 TWh PCS (Téra Watt heure en pouvoir calorifique supérieur), soit une baisse de 11,4 % en 2022. Selon le ministère du Développement durable, la baisse est de 7,2 % pour l’industrie et 6,4 % dans le tertiaire et le résidentiel. Sans surprise, le carburant routier est aussi touché par la crise. D’après l’Union française des industries pétrolières (UFIP), il s’est vendu 48 millions de m³ en 2023 contre 49 millions de m³ en 2022. Le nombre de stations à desservir est passé de 11 039 en 2022 à 10 920 en 2023. soit une perte de 122 stations pour le réseau de distribution traditionnelle. Tandis que le réseau de distribution de grandes et moyennes surfaces (GMS) s’étoffe légèrement passant pour la même période de 5 244 à 5 247. Ce dernières voient leur part de marché s’élever à 62,1 % contre 37,9 % pour les réseaux traditionnels.

Cette lente érosion des volumes de produits pétroliers est due à la part grandissante de la motorisation électrique et hybride. « Mais le nombre de poids lourds roulant au diesel est stable, voire en augmentation », observe Philippe Premat, dirigeant de l’entreprise éponyme (600 collaborateurs et plus de 500 véhicules, dont 20 % roulent au bioGNC, HVO et B100 irréversible). Labellisée Objectif CO2, la PME francilienne est spécialisée dans le vrac solide et liquide. Elle réalise plus de 20 % de son chiffre d’affaires avec la livraison de gaz conditionné ainsi que de produits pétroliers en stations services. L’année 2024 est en demi-teinte pour ce transporteur. « Contrairement à 2022 et 2023, nous n’avons pas réussi à répercuter l’intégralité de la hausse de nos coûts de revient sur nos prix de vente », regrette Philippe Premat. Pour compenser les différentes hausses (charges salariales, matériels, pneumatiques, etc.) et préserver ses marges, l’entreprise essaie d’optimiser les coûts, notamment en diminuant les heures supplémentaires et en optimisant les temps improductifs comme les temps d’attente. « Nous travaillons aussi sur les coûts d’exploitation en réduisant la consommation de carburant grâce à l’écoconduite et en renouvelant le parc de véhicules », rapporte le dirigeant qui pense réaliser un chiffre d’affaires supérieur à celui de 2023 du fait de l’augmentation des prix de vente et de ses atouts concurrentiels. À commencer par la dématérialisation des bons de livraison, la géolocalisation des véhicules et le géo-repérage qui apporte la preuve que la livraison a été effectuée même si le destinataire est absent.

Le nouveau bâtiment de stockage des matières dangereuses est situé sur le même site que le siège social de Sobotram à Chalon-sur-Saône. © Sobotram

En matière d’avantages concurrentiels, Sobotram (filiale du groupe Blondel) dispose aussi d’atouts différenciateurs. A commencer par son nouvel entrepôt de stockage dédié aux matières dangereuses. D’une surface de 17 000 m², il a été inauguré l’an dernier sur le site Seveso de Chalon-sur-Saône qui dispose désormais d’une surface totale de 75 000 m². « Notre nouveau bâtiment de stockage dédié aux produits dangereux répond aux dernières normes et exigences gouvernementales », fait valoir Alexandre Pommier, directeur commercial du groupe Blondel Sobotram. Dans un contexte économique incertain, ce dernier aborde 2025 avec l’objectif d’augmenter son chiffre d’affaires grâce au développement de ses clients historiques et à l’acquisition de nouveaux marchés. 

© Eliane Kan / Agence TCA

Une nouvelle réglementation ADR pour 2025

Tous les deux ans, la réglementation ADR évolue en tenant compte notamment des véhicules électriques à batterie et à hydrogène.

L’an prochain, les entreprises de transport de matières dangereuses devront composer avec la nouvelle réglementation ADR 2025. Le texte prévoit entre autres d’autoriser les tracteurs et porteurs à propulsion électrique à batterie et à hydrogène de transporter des matières dangereuses. A l’exception des véhicules qui transportent des explosifs (EX). A cet égard, l’ADR a rajouté des spécifications afin d’éviter que ces nouveaux véhicules apportent de nouveaux risques sur les sites Seveso. Notamment des risques d’explosion. « Voila pourquoi les véhicules roulant à l’hydrogène devront disposer d’un réservoir à fermeture automatique en cas de décélération importante ou de retournement », explique  Martial Migné, président de l’Association des conseillers à la sécurité pour le transport de marchandises dangereuses, (ACSTMD) qui regroupe 420 adhérents, tous conseillers spécialisés dans le TMD. L’association vient notamment de rédiger un guide sur les emballages de marchandises dangereuses qui sera publié début 2025 . Ce guide va intéresser les transporteurs et entreprises qui font du packaging.  

Par ailleurs, l’arrêté TMD du 3 juillet 2024 effectue une grosse mise à jour relatif au transport de déchets chimiques issus des tris des déchetteries publiques. Cette disposition vise à simplifier et sécuriser le transport vers les centres d’élimination des déchets. A charge pour les déchetteries de mieux classer et emballer les déchets.  

Autre grand sujet pour 2025, le passage à la dématérialisation. A partir du 1er janvier 2025, les entreprises concernées par un événement au sens de la section 1.8.5 de l’ADR relative à la déclaration des événements impliquant des marchandises dangereuses et de l’article 7 de l’arrêté ATMD du 29 mai 2009 devront effectuer leur déclaration en ligne, en lieu et place du Cerfa 12252. En ce qui concerne la procédure de télédéclaration des Conseillers sécurité transport marchandises dangereuses (CSTMD) en vigueur depuis deux ans, il reste à l’administration publique à résoudre les problèmes techniques actuellement rencontrés par les déclarants. « Nous nous retrouvons actuellement avec des conseillés déclarés alors qu’ils ne le devraient pas. Nous avons alerté l’administration sur cette anomalie », indique Martial Migné.

© Eliane Kan / Agence TCA