Interview de Christophe de Korver, directeur du réseau Astre en charge développement à l’international.
Le paquet mobilité (PM1) et les contrôles des tachygraphes électroniques améliorent-ils les règles du jeu dans le transport européen ?
Oui. Ils limitent le recours à la main d’œuvre à bas coût qui impacte les marchés domestiques. Désormais, les conducteurs « Low Cost » ne peuvent plus faire du cabotage pendant trois semaines en France puis passer une semaine dans un pays limitrophe avant de revenir caboter chez nous. Les contrôles de chronotachygraphes sont certes plus nombreux mais aussi très sélectifs car les forces de l’ordre ont des capacités et un personnel trop réduits. Dans des pays à fort transit comme la France, ce sont les camions bulgares, lituaniens, polonais ou roumains qui sont les plus contrôlés. A chaque fois, le conducteur doit montrer ses rémunérations de la semaine qui doivent être équivalentes à celles du pays où il opère.
Cette situation suscite-t-elle chez les conducteurs des vocations pour aller à l’international ?
Non. En majorité, les transporteurs ont du mal à trouver des conducteurs qui acceptent de s’exiler pendant plusieurs jours, voire semaines. Ce phénomène est plus aigu chez les nouvelles générations qui rechignent à s’éloigner de leur domicile. Par ailleurs, à la différence d’autres pays comme le Danemark ou les Pays-Bas, la grande taille du marché français garantit aux chauffeurs tricolores de trouver du fret domestique. En outre, les importations y sont plus importantes que les exportations. Ce qui limite les opportunités pour les transporteurs français d’aller à l’international.
Quelles sont alors les opportunités pour les entreprises françaises de tenter l’international ?
Les transporteurs dont les clients se développent à l’international vont les accompagner. Mais, en général, pas avec leurs moyens propres. D’où l’intérêt de s’adosser à un réseau comme le réseau Astre. Et, en raison du déséquilibre entre les flux, les tarifs à l’export en partant de France sont souvent moins élevés que ceux de l’import vers la France. Du coup, le transporteur français aura peut-être du mal à sortir mais c’est au retour qu’il pourra se refaire. Pas au début car il devra passer par les bourses de fret qui proposent les prestataires les moins cher. Après plusieurs relations régulières avec des partenaires internationaux, il sera plus visible sur les bourses de fret et connaîtra mieux les chargeurs. Avec ses clients, il pourra alors discuter de flux réguliers dont les tarifs sont plus rentables, stables et, avec ses partenaires, de prix plus intéressants.
© Propos recueillis par Erick Haehnsen / Agence TCA