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Kanoa Surfboard sur le haut de la vague avec sa planche de surf en laminé 3D

Après l’imprégnation sous vide, les planches sont recouvertes d’une résine appliquée à la main. © Kanoa Surfboards
Article publié dans Les Echos - Le 14 janvier 2025

La startup Kanoa Surfboards a développé une technologie utilisant une structure en nid d’abeilles avec des fibres naturelles, un noyau en matériaux recyclés et une résine biobasée. Il en résulte une première planche de respectueuse de l’environnement. D’autres applications intéressant les trains, bateaux et camping-car sont prévues.

Une planche de surf en laminé 3D écoconçue et recyclage mais aussi plus résistante au plan mécanique, tel est le défi que relève The Gun Sails von Osterhausen, une PME de 18 salariés initialement spécialisée dans la voile et située à Anglet dans les Pyrénées-Atlantiques et à Sarrebruck, en Allemagne. Baptisée Honey Roots Technology (HRT), son innovation repose aussi bien sur le procédé de fabrication que sur le matériau lui-même constitué d’une structure en nid d’abeille et d’un noyau en mousse. Laquelle est constituée à 70 % de polystyrène issu de déchets d’emballage et à 30 % de lignine issue de la valorisation de la production de papier. Une fois taillé à la forme, le noyau est placé dans une installation sous vide, puis entouré par des fibres naturelles telles que le chanvre, viscose ou cellulose qui constituent le laminé 3D. L’ensemble est ensuite imprégné sous vide par une résine époxy composée de 28 % de produits biobasés et de 72 % de produit pétrochimique. 

« Grâce à cette résine, les planches HRT pourront être recyclées en fin de vie en les plaçant dans un bain d’acide », indique Thilo von Osterhausen, le dirigeant de l’entreprise familiale. Diplômé d’un master de Technologie et de management à l’université technique de Munich, ce trentenaire a mené une thèse il y a quelques années sur de nouveaux matériaux composites 3D dont résulte HRT.

Le processus d’infusion du laminé 3D a pour avantage de consommer moins de résines mais plus de fibres pour une meilleure résistance mécanique. En outre, il se déroule dans une installation dédiée.  « Grâce à la réutilisation d’éléments habituellement jetables comme les tissus d’arrachage, la feuille perforée ou encore le flow média, nous économisons en temps et en main d’œuvre », souligne Thilo von Osterhausen. Lors de l’élaboration de la technologie HRT protégée par deux brevets, le jeune ingénieur a collaboré outre-Rhin avec plusieurs partenaires dont Aditya Birla Chemicals Advanced Materials, le fournisseur de la résine recyclable et des universités comme RWTH Aachen University et Chemnitz University of Technology.

Cette planche de surf de en laminé 3D résiste à l’enfoncement, ne subit pas de délamination et  conserve son flex initial durant une plus longue période.
©  Kanoa Surfboards
Cette planche de surf de en laminé 3D résiste à l’enfoncement, ne subit pas de délamination et conserve son flex initial durant une plus longue période. © Kanoa Surfboards

Forte de ces collaborations, l’entreprise dispose d’un jeu de données issus des différents tests du laminé 3D. Ce qui lui a permis de concevoir un processus reproductible et partiellement automatisé et de personnaliser son matériau en fonction de différents critères comme le besoin en flexion ou en pression. A l’instar des planches de surf qui ont été conçues et développées dans la micro usine de 200 m² d’Anglet. « Notre planche en laminé 3D résiste à l’enfoncement, ne subit pas de délamination et surtout, elle conserve son flex initial durant une plus longue période », souligne le dirigeant qui prévoit de la commercialiser cet été sous la marque Kanoa Surfboards. Cette filiale de la PME franco-allemande a pour activité la conception et le développement de planches de surf et autres produits des sports de glisse. 

Par ailleurs, The Gun Sails a créé un semi produit issu de HRT pour en diversifier les applications notamment à l’intérieur de trains, bus, bateaux et camping-car. En 2025, cette nouveauté sera commercialisée dans le secteur du composite. « Ce semi produit est constitué pour moitié de fibres et de mousse en PET (Polyéthylène téréphtalate) recyclé » indique Thilo von Osterhausen qui recherche des distributeurs pour le marché mondial.

© Eliane Kan / Agence TCA