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Jouer la carte des services pour trouver de nouveaux flux

Transports Gardon mise sur de nouveaux porte-véhicules pour gagner des parts de marché. © Transports Gardon

Article publié dans le magazine l’Officiel des Transporteurs – Le 16 janvier 2023

Aide à la gestion documentaire et aux procédures douanières, affrètement et groupage internationaux, accompagnement des clients à l’export… les transporteurs français rivalisent d’imagination pour maintenir leurs flux face au ralentissement économique en Europe.


La vente de biens de consommation est en berne partout en Europe et outre-Manche. Ce phénomène a démarré d’ailleurs dès 2022 où les ventes de l’e-commerce ont chuté. Selon l’étude 2023 publiée par la Fédération de l’e-commerce et de la vente à distance (Fevad), le chiffre d’affaires des e-commerçants a chuté de 5,2 % en Allemagne (soit un chiffre d’affaires de 102,7 milliards d’euros pour 2022) et de 10 % au Royaume-Uni (136,6 milliards d’euros). Le ralentissement économique outre-Manche se ressent sur le trafic trans-manche. En témoigne notamment Eurotunnel qui a vu le nombre de navettes de camions baisser de 19 % (en glissement annuel) à 624 000 poids lourds acheminés au premier semestre 2023. Cette baisse d’activité impacte aussi les entreprises françaises de transport. A l’instar de RDV Transports qui relie quotidiennement la France et la Grande-Bretagne, une liaison effectuée à 95 % par des transporteurs des pays de l’est, comme le souligne son dirigeant Jean-Pierre Devigne qui a créé en 1991 son entreprise, basée à Marck (62). Spécialisée dans le transport de marchandises générales, celle-ci dénombre 150 moteurs dont 90 en France et environ 260 salariés. 90 conducteurs d’entre eux sont rattachés à RDV Transports et près de 100 sont basés en Roumanie où a été créée en 2013 la filiale EW Logistics. Laquelle dispose de ses propres clients et de son service d’exploitation ainsi qu’une flotte de véhicules dédiés. « Sa politique tarifaire est calquée sur les prix français de sorte qu’elle n’entre pas en concurrence avec RDV Transports », tient à souligner le dirigeant.

Jean-Pierre Devigne (RDV) : « Notre service douanier aide nos clients à accomplir leurs formalités liées au Brexit. »

 

Service douanier

En 2023, le chiffre d’affaires global du groupe s’est élevé à 55 millions d’euros dont 38 millions d’euros pour RDV Transports. Notons que 25 % de l’activité sont réalisés par le service d’affrètement où travaillent trois personnes. Parlant couramment anglais, celles-ci échangent surtout avec le Royaume-Uni. « Pour transporter les marchandises, ce service d’affrètement fait appel aussi bien à RDV Transports qu’à la filiale roumaine et à d’autres transporteurs », indique Jean-Pierre Devigne. Les véhicules du groupe RDV réalisent quotidiennement des trajets entre la France, la Belgique, la Hongrie, les Pays-Bas, la Roumanie et bien sûr le Royaume-Uni. Une destination qui pâtit à la fois de la mise en place du Brexit en 2020, d’une hausse de l’inflation et de la baisse de la consommation intérieure outre-Manche. Le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) a eu pour effet d’augmenter les prix. « Autre conséquence : les entreprises sont obligées à accomplir de nouvelles formalités administratives », rapporte le chef d’entreprise qui délivre à ses clients un service douanier.

Le Brexit réduit également le nombre de passages entre la France et l’Angleterre est tombé de 25 000 il y a cinq ans à 19 000 en 2022 et 17 000 en 2023. Cette situation ne devrait pas s’améliorer en 2024 ni en 2025. Pour autant, le dirigeant ne baisse pas les bras. Il a entrepris de négocier avec Eurotunnel et des compagnies maritimes comme P&O le prix du passage. Par ailleurs, il a recruté il y a six mois un nouveau commercial missionné pour trouver de nouveaux clients outre-Manche. L’enjeu étant de recharger les véhicules qui repartent vers le continent sachant qu’il y a moins d’export de l’Angleterre vers l’UE.

Des porte-véhicules supplémentaires pour compenser la pénurie 


Le Royaume-Uni n’est pas le seul à souffrir de l’inflation et de la baisse de la consommation. « Nous sentons que le marché européen est aussi en tension », rapporte Stéphane Gardon, dirigeant du groupe éponyme spécialisé dans le transport de véhicules (tourisme, loisirs, utilitaires, bennes, etc.). L’entreprise qui fêtera cette année ses 50 ans opère dans l’import-export de véhicules entre la France et différentes destinations en Europe. A commencer par l’Allemagne qui connaît une forte augmentation du trafic, suivie par la Suisse, l’Italie, la Belgique et l’Espagne. « Sur les 45 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2023 contre 37 millions d’euros en 2022, l’international en représente 35 % à 40 % », indique le dirigeant. Ce dernier bénéficie notamment de la pénurie de moyens qui sévit en Europe pour le transport de véhicules. « Les carrossiers n’en produisent pas suffisamment », rapporte Stéphane Gardon dont la flotte comporte 190 porte-véhicules et compte 215 salariés dont 190 conducteurs. Point fort, ces derniers bénéficient d’une formation technique qui permet au transporteur français de se démarquer des concurrents venus des pays de l’est opérant en Allemagne. Autre source de différenciation, Transports Gardon peut compter sur ses trois commerciaux qui s’expriment tous en anglais en plus de parler une troisième langue. L’un d’eux parle italien, deux autres l’espagnol et un troisième allemand. Ce qui leur permet de bien comprendre les besoins de leurs clients, qu’ils soient constructeurs de véhicules ou particuliers. Pour anticiper le ralentissement de son activité, l’entreprise a réalisé un plan d’affaires avec la création de nouvelles agences qui vont étoffer les cinq sites existants en France. A cela s’ajoute l’augmentation de la flotte de 7 %. « Avec c es investissements, nous allons gagner en partenariat avec des constructeurs français de nouveaux marchés, notamment en Tchéquie et en Suède », prévoit Stéphane Gardon qui noue déjà un partenariat avec le constructeur français Pilote pour exporter des véhicules vers le Royaume-Uni. Ce qui l’oblige à adapter son organisation pour faire face notamment aux procédures douanières.

Groupage international

Savoir prendre en charge la gestion documentaire et douanière des marchandises, depuis le point de départ jusqu’à sa livraison, constitue justement un des savoir-faire de LDPI, une PME spécialisée dans le transport, la logistique et le co-packing de biens de grande consommation, cosmétique, textile, pneumatiques, etc. Le transport s’effectue soit en palettes soit en lots complets partout en France et à l’étranger. Créée en 2006 à La Verpillière (38), l’entreprise, membre du groupement Flo, réalise un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros (en légère augmentation par rapport à 2022) dont 2 millions d’euros à l’international. LDPI compte 70 personnes dont 20 conducteurs et opère une flotte de 20 moteurs et 13 semi-remorques. De quoi répondre aux besoins en import-export de ses clients sachant que la PME gère en groupage des lignes régulières au départ de ses 30 quais et à destination de plus de 30 pays européens et nordiques. « Du fait de notre positionnement central, nos clients consolident leurs expéditions sur une destination déterminée », indique Damien Sigaud, PDG de LDPI. Fort de sa position géographique, ce dernier constate une progression de l’activité de groupage. Malgré les tensions internationales sur l’Europe de l’est, la société se développe dans des pays limitrophes comme l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne.

© Eliane Kan et Erick Haehnsen / Agence TCA

La plateforme de LDPI dispose de 30 quais à destination de plus de 30 pays européens et nordiques. © LDPI