Bruno Aubert (Solecooler) « Notre semelle produit de la chaleur grâce à l’énergie de nos pas »

Article publié dans le magazine l'Officiel des Transporteurs - Le 14 février 2023

Interview de Bruno Aubert, PDG et fondateur de Solecooler. Cette start-up Deeptech conçoit et développe des semelles rafraîchissantes et chauffantes sans limite de fonctionnement. Ce qui lui vaut d’être lauréate 2022 du prix Semeur d’innovation du Crédit Mutuel.

A l’origine, à quelle problématique répond votre innovation ?

Les personnes qui travaillent dans des entrepôts frigorifiques passent des journées entières à travailler à des températures extrêmement basses. Or, les tests de la norme Iso 20345 ne garantissent une isolation contre le froid que pendant 30 minutes seulement et à une température de -17° C. Du coup j’ai conçu une semelle thermorégulée qui utilise l’énergie mécanique de nos pas pour produire de la chaleur. A la différence des produits concurrents, nous n’utilisons ni batterie ni produit chimique. Avec ma semelle Climfeet, tant qu’on marche et qu’on courre, on garde les pieds au chaud mais aussi au frais. Et ça, c’est une première !

Sur quel principe fonctionne votre semelle et où est-elle produite ?

Je me suis inspiré de la pompe à chaleur qui génère de la chaleur en comprimant un gaz. A l’inverse, lorsque le gaz est décomprimé, on obtient du froid. Partant de ce principe, j’ai conçu une semelle en silicone recouverte de plus de 200 alvéoles remplies d’air et qui se comportent comme autant de mini pompes à chaleur. Autre particularité de la semelle Climfeet, elle est réversible avec une face froide recouverte d’alvéoles compressibles et une face chaude avec des alvéoles renforcées. Au milieu, des tuyères assurent la détente du gaz et donc son refroidissement. Ce produit breveté est fabriqué en France avec du silicone produit localement par le géant Elkem.

Cette semelle est-elle compatible avec les chaussures de sécurité du marché ?

Oui car elle mesure moins de 6 mm d’épaisseur pour un poids allant de 40 à 80 grammes. D’ailleurs, notre semelle est en test dans de grandes entreprises du BTP et de la logistique, notamment dans des entrepôts frigorifiques.

Comment avez-vous financé vos développements et à quel stade de commercialisation en êtes-vous ?

Nous avons consacré plus de trois ans de recherche et développement à cette innovation. Elle a nécessité 550 000 euros de financement dont 200 000 euros investis sur fonds propres et 350 000 euros en subventions et en prêts bonifiés. Nous avons démarré les ventes sur notre site internet et nous recherchons actuellement des distributeurs en France mais aussi aux USA où nous avons présenté nos semelles lors du CES de Las Vegas, le salon grand public de l’électronique.

Eliane Kan