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Des trames vertes qui ne cessent de s’étendre

La cartographie par intelligence artificielle de la start-up Kermap dresse un diagnostic fin de la végétalisation de Nice   
© Kermap
La cartographie par intelligence artificielle de la start-up Kermap dresse un diagnostic fin de la végétalisation de Nice © Kermap
Article publié dans le quotidien Les Échos - Le 5 décembre 2022

Récupérer l’emprise au sol des couloirs de bus, retirer le bitume, remplacer par de la terre, planter des arbres et arbustes, installer un système automatique d’arrosage en goutte-à-goutte, recouvrir le sol de broyats végétaux… la tactique des trames vertes devient la méthode pour verdir la ville.

Déjà réalisé à hauteur de 40 %, le Plan Climat 2019-2025 de la métropole Nice Côte d’Azur enregistre une baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’environ 14 % par rapport à 2012. Il vise 22 % d’ici 2026, 55% en 2030 et la neutralité carbone en 2050. Pour y parvenir, Nice joue simultanément sur deux tableaux : les transports doux (tramway, vélos, marche à pied…) pour limiter l’emprise de la voiture et le développement des trames vertes pour végétaliser le centre-ville.

A commencer par les 6 km des trois axes en centre-ville (Bottero-Joffre-Pastorelli-Devoluy, Buffa-Hôtel des Postes-Dante et rue Gioffredo) qui illustrent la tactique de la trame verte de Nice où, à côté de la voie pour les voitures, d’anciens couloirs de bus sont remplacés par une bande végétalisée, une piste cyclable de 2,55 m de large et un des trottoirs élargis à 2,20 m. « Nous avons retiré et évacué le revêtement bitumineux des couloirs de bus, décaissé le sol pour rajouter de la terre végétale afin de re-perméabiliser ces espaces. Puis nous avons avons planté 1 000 arbres et 9 000 arbustes, explique Pierre-Paul Leonelli, adjoint aux espaces verts, aux parcs et jardins  et à la propreté à la ville de Nice et vice-président en charge de la collecte et du traitement de déchets à la métropole Nice Côte d’Azur. Nous avons installé un système d’arrosage automatique en goute-à-goute afin de gérer l’eau au plus près des besoins et éviter un arrosage avec intervention humaine. Nous avons aussi recouvert les sols de broyats végétaux qui retiennent l’humidité. » D’ici 2025, 26 km de pistes cyclables supplémentaires seront créés. De plus, le long des lignes 2 et 3 du tramway, 2 400 arbres et arbustes d’une centaine d’espèces différentes  ainsi que 77 000 m² de gazon seront plantés.

Toujours dans cette logique de trames vertes, de nouveaux parcs et jardins ont vu le jour. Comme au square Durandy (510 rosiers, 30 arbres et palmiers, 850 m² de gazon), les berges du Paillon qui accueillent une forêt d’arbres méditerranéens, ou le parc du Ray dont 3 des 6 ha sont aménagés en parc urbain paysager.

Pour concevoir ses aménagements, Nice s’appuie depuis cette année sur la start-up bretonne Kermap qui, grâce à l’intelligence artificielle, cartographie à partir d’images satellitaires et aériennes les îlots de chaleur et la végétalisation du territoire quartier par quartier. « Nous donnons des informations chiffrées sur les services que rendent les végétaux : capacité de rafraîchissement, stockage du CO2, limitation du ruissellement… », précise Antoine Lefebvre, PDG de l’entreprise créée fin 2017 qui emploie seize salariés. Prochaine étape : après le diagnostic de végétalisation, la prescription pour prédire de combien de degrés un aménagement fera baisser la température.

 

© Erick Haehnsen