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Saipol favorise la transition énergétique du
transport par l’innovation

Le site industriel Saipol au Mériot (Aube) produit des huiles végétales, tourteaux et biocarburants. © Cédric Helsly / Groupe Avril
Article publié dans le quotidien Les Échos - Le 28 juin 2022

Cette filiale du groupe Avril produit, entre autres, des biocarburants bas carbone en élevant la rémunération des professionnels qui pratiquent une agriculture moins émissive.

Colza, tournesol, cameline… ces plantes oléagineuses jouent un rôle clé dans la transition énergétique et alimentaire des Français. Comme le montre Saipol, spécialiste de la transformation des graines oléagineuses. Filiale du groupe Avril (6,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021), cette entreprise de 620 salariés répartis sur 5 sites industriels produit, entre autres, des huiles de colza et de tournesol, ainsi que des tourteaux pour l’alimentation du bétail. Sans oublier les biocarburants.

« Nous en produisons un million de tonnes par an dont 50 % sont fléchés vers le marché français et les 50 % restants vers l’international », rapporte Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol. Cette production intéresse différents marchés. Dont l’Oleo 100, nom commercial du B100, un carburant 100 % colza pour poids lourds et autocars qui est distribué uniquement dans des cuves connectées à destination des flottes captives et du transport de voyageurs. Autre marché d’avenir, celui des biocarburants bas carbone. Distribués en Europe par Saipol, ils réduisent jusqu’à 90 % les émissions de GES (Gaz à effet de serre) par rapport au gazole.

Pour développer cette activité, Saipol mise sur l’innovation. En témoigne, sa plateforme digitale Oleoze qui encourage les pratiques culturales favorisant la conservation et le stockage du carbone dans le sol. Les agriculteurs reçoivent en échange un bonus de 70 euros par tonne de graines en plus du prix du marché vendues à Saipol. En contrepartie des 70 euros, les agriculteurs s’engagent à mener plusieurs actions. Entre autres, il s’agit de mettre en place des intercultures afin de ne pas laisser les terres à nues. Ainsi 220 000 tonnes de colza bas carbone en 2021 ont-elles collectées par Saipol auprès des agriculteurs en direct ou via des organismes collecteurs.

Soucieux de combiner transition énergétique et alimentaire, le groupe veut produire des biocarburants avec des graines de colza plus riches en protéines. Ce qui permettra d’une part d’augmenter de 4 à 6 % la concentration protéinique des tourteaux de colza et de tournesol destinés à l’alimentation du bétail. Et d’autre part, de limiter ainsi l’import de protéines comme le soja. Pour y parvenir, Saipol se base sur une sélection de variétés de colza et sur des pratiques qui favorisent la fabrication de protéines. En contrepartie, les agriculteurs se verront accorder une rémunération supplémentaire dès 2022.

Par ailleurs, l’entreprise se mobilise depuis 2018 sur un projet pilote visant à produire en interculture de la caméline, une cousine du lin afin de produire du biokerosene. « Ce qui permettrait à la France d’injecter 2 % de biocarburants de nouvelle génération dans les carburéacteurs aéronautiques en 2025 et 5 % en 2030, comme le prévoit le projet de loi de finances pour 2022 », explique Christophe Beaunoir qui travaille en amont avec les filières de caméline d’interculture. Il s’agirait d’un nouveau débouché susceptible d’apporter également une rémunération complémentaire aux agriculteurs.

© Eliane Kan