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10 solutions pour une logistique urbaine durable

Publiées le 15 mars dans l’Officiel des Transporteurs, les solutions présentées tendent à réduire drastiquement l’impact écologique de la logistique en ville et notamment celui du dernier kilomètre.

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                                                                                                                                                                                                                                                                  © Pexels-Borja

K-Ryole électrise sa remorque électrique de livraison urbaine

Au lieu de miser sur des vélos-cargos à assistance électrique, la start-up parisienne K-Ryole fabrique des remorques électriques tractées à vélo.

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 Pour moins de 9 000 euros, la remorque affiche une autonomie de 70 km et se recharge en 5 heures. ©K-Ryole

Selon le Comité d’analyse stratégique et environnemental (Case), le dernier kilomètre émet 25 % des gaz à effet de serre et il occupe 30 % de la voirie à l’échelle nationale. Afin d’en diminuer le coût logistique et écologique, la start-up parisienne K-Ryole, créée en 2016, lance une remorque de vélo qui change le quotidien des opérateurs de cyclo-livraison. Mesurant à peine 85 cm de large, cette remorque tractée avec un vélo à assistance électrique se faufile aisément sur les voies réservées aux vélos. Qui plus est, elle est ‘‘intelligente’’. En effet, elle embarque un moteur électrique de 1 500 W sur chacune des deux roues. Lesquels sont reliés à un capteur qui calcule en temps réel l’énergie à déployer pour tracter le chargement ou pour le retenir lors du freinage. Résultat, la charge, jusqu’à 250 kg, devient indolore pour le conducteur. Autre point fort, la remorque se tracte également à pied. De quoi acheminer les marchandises jusque dans le magasin. Au plan pratique, la remorque affiche, pour moins de 9 000 euros, une autonomie de 70 km et se recharge en 5 heures. Par ailleurs, l’entreprise devrait décupler sa cadence mensuelle de production à 300 pièces grâce à son site de 4 500 m² inauguré en septembre dernier à Tonneins (47).

© Maxence Rysmann

 

Les camions électriques Volta Trucks bientôt dans nos rues

D’ici la fin de l’année, le suédois Volta Trucks prévoit de lancer la production de ses véhicules électriques de 16 tonnes conçus pour la livraison urbaine.

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 Le 16 tonnes Volkta Zero dispose de portes coulissantes de chaque côté  pour faciliter le déchargement sur le trottoir. © Volta Trucks

Avec une charge utile de 8,6 tonnes, le 16 tonnes Volta Zero 100 % électrique de Volta Trucks s’assure une autonomie de 200 à 250 km. Après avoir levé 289 millions d’euros dont 230 millions cette année en série C, la start-up suédoise créée en 2019 bouscule la conception des véhicules de livraison urbaine durable. Qu’on en juge : grâce à sa cabine surbaissée, le conducteur monte deux petites marches pour accéder en position debout à l’habitacle jusqu’au poste de conduite situé au centre. Ce qui, d’emblée, élargit la visibilité du conducteur à 220°. Laquelle s’étend à 360° grâce à des caméras reliées à deux grands écrans disposés sur les mâts verticaux sur chaque bord du pare-brise central. De quoi éliminer les angles morts. Présenté en septembre 2020, le prototype du Volta Zero est aujourd’hui en phase de tests. La production démarrera à Steyr (Autriche) fin 2022. À ce jour Volta Trucks compte 5 000 commandes dont 1 500 Volta Zero pour DB Schenker et 1 000 pour Petit Forestier. D’ici 2025, trois nouveaux modèles (7,5 tonnes, 15 tonnes et 18 tonnes) étofferont la gamme du constructeur.

© Yenge Odjinkem

 

LivingPackets rend les colis connectés et écologiques

Réduire les déchets, les émissions de CO2 tout en optimisant la chaîne logistique, tels sont les défis de la start-up nantaise.

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Plusieurs milliers d’exemplaires de The Box sont aujourd’hui en circulation dans le monde. © LivingPackets

Avec sa boîte en polypropylène, sécurisée par un tag électronique traçable et équipée d’un verrou électromécanique, la start-up nantaise LivingPackets, créée en 2016, dispose de plus d’un tour dans son sac. Résistante aux chocs, modulable, The Box est réutilisable jusqu’à 1 000 fois. De part et d’autre de la boîte, des capteurs de température et de pression ainsi qu’une caméra complètent ce colis communicant afin de contrôler l’état de la marchandise en temps réel. En cas de défaillance ou d’usure naturelle, les matériaux de la boîte sont refondus pour une nouvelle utilisation. Quant aux composants électroniques, ils sont reconditionnés.

Afin de répondre aux besoins des transporteurs et logisticiens, la boîte est connectée à travers une application Web dédiée. Lorsque le destinataire ne peut être présent à l’adresse indiquée, il précise sur l’application s’il souhaite la modifier ou recevoir son colis en point relai. L’écran haute définition de la boîte affiche alors les informations actualisées. Le livreur gagne ainsi du temps et réduit son empreinte carbone en évitant un déplacement inutile. Une fois livrée, The Box est renvoyée au magasin partenaire le plus proche ou continue sa course vers un autre destinataire.

© Maxence Rysmann

 

Le bateau-entrepôt au Bio-GNC de GreenDeliriver pour 2024

Pour offrir une alternative propre aux livraisons urbaines, ses bateaux-entrepôts seront composés du rétrofit d’un bateau existant, puis d’une barge et d’un pousseur neufs.

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Le bateau Sydney, destiné au Retrofit, devrait être opérationnel au 1er trimestre 2023. © Coalis

Fruit d’un partenariat entre une dizaine d’acteurs dont SEGULA Technologies et Coalis noué en 2015, le projet GreenDeliriver part d’un constat simple : un bateau émet en moyenne 5 fois moins de CO2 qu’un camion par tonne de marchandises transportées. D’où l’intérêt de développer le transport fluvial face à la saturation du trafic urbaine. L’option prise par les deux partenaires porte d’abord sur le rétrofit du Sydney, un bateau appartenant à Coalis. Sa nouvelle motorisation au Gaz naturel comprimé (GNC) nécessite une dérogation de la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR), attendue pour l’automne 2022. 

Ensuite, une barge et son pousseur viendront renforcer le Sydney en 2024. Ils auront une propulsion hybride électri-GNC. Son utilisation réduira les émissions de CO2 de 90 % et les NOx de 75 %. Soit une diminution d’environ 350 tonnes d’équivalent CO2 chaque année. Côté cargaison, GreenDeliriver disposera d’une capacité de transport de 1 000 tonnes avec, à son bord, une quarantaine de véhicules électriques assurant la livraison du dernier kilomètre en zone urbaine.

© Maxence Rysmann


Des ‘‘vertiports’’ pour drones logistiques testés à Rungis

Après un essai grandeur réelle au marché de Rungis, les drones logistiques de DragonFly Pads font leurs preuves mais se heurtent, pour l’heure, à la réglementation.

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La start-up Dragonfly Pads prévoit de démocratiser son concept avant la fin de la décennie. © Semmaris

La start-up parisienne Dragonfly Pads, créée en septembre 2020, cherche à décongestionner la logistique urbaine de façon durable grâce à des drones. Qui dit drones, dit aussi infrastructures. Et c’est le point sur lequel innove l’entreprise avec ses ‘‘vertiports’’ mobiles. À savoir de véritables mini-aéroports dotés d’une station d’accueil pour drones. Ces infrastructures offrent une capacité d’accueil de 150 kg de marchandises collectées ou livrées par drones et occupent une surface équivalente à celle de deux places de parking. Une taille qui les rend adaptables à tout type d’environnement : toits d’immeuble, parkings, berges fluviales…

Quant aux drones, ils transportent, pour l’heure, jusqu’à 5 kg de marchandises. Cependant, des engins plus puissants pourraient être développés, augmentant ainsi leur capacité de charge. Testés au marché d’intérêt national de Rungis, ces drones ont transporté 120 colis livrés aux vertiports. Non sans avoir demandé une dérogation à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), chose qui devrait évoluer dans les années à venir. Et pour cause, l’Union européenne s’est penchée sur le sujet et compte créer des couloirs européens spécifiques pour les drones logistiques.

© Maxence Rysmann

 

Chéreau lance les préséries de semi-remorque frigorifique à hydrogène l’an prochain

Premier fabricant européen de carrosseries frigorifiques pour poids lourds, Chéreau veut amorcer en 2023 la production en présérie de ses semi-remorques frigorifiques à hydrogène et démarrer leur industrialisation en 2025.

©Sylvain Malmouche

10 minutes suffisent pour faire le plein de la semi-remorque frigorifique à hydrogène de Chéreau. © Sylvain Malmouche / Chéreau

Avec le projet ROAD (Refrigerated Optimized Advanced Design), lancé en 2016, Chéreau invente la première semi-remorque frigorifique à hydrogène. Objectif de réduire l’impact environnemental et améliorer les conditions d’exploitation. Cette semi-frigo zéro émission a valu à l’entreprise normande de décrocher plusieurs trophées dont les Hydrogénies en janvier 2019. Points centraux de l’innovation : la production d’électricité par pile à combustible qui affranchit le groupe frigorifique d’un moteur diesel et des panneaux en matériaux isolants de nouvelle génération. Lesquels contribuent à allonger la durée de conservation de la marchandise jusqu’à 12 heures en-dessous de 5°C. Quant au plein d’hydrogène, il s’effectue en moins de 10 minutes.

Les tests du prototype ont été réalisés chez Delanchy et Transports Malherbe en 2019. D’autres tests devraient également avoir lieu cette année avec la sortie de deux autres semi-remorques de démonstration. « Ainsi nous validerons une nouvelle fois la technologie et ses usages afin de sortir nos premiers véhicules de présérie en 2023, annonce Christophe Danton, directeur marketing et communication de Chéreau. L’industrialisation de cette technologie étant prévue pour 2025. »

© Maxence Rysmann

 

Agrikolis transforme les agriculteurs en points de relai pour les colis

Lauréate des prix de l’innovation SITL 2019 et 2021, la start-up française Agrikolis dispose déjà d’un réseau de 298 fermes-relais. En projet : livrer en ville les produits de la ferme.

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Légende : La start-up roubaisienne livre des colis encombrants de plus de 30 kg dans 298 fermes-relais réparties sur tout le territoire. © Agrikolis

Mutualiser dans des fermes relais la livraison de colis encombrants de plus de 30 kg pour quatre à cinq fois moins cher qu’à domicile (pour près de 20 euros), tel est le parti d’Agrikolis, lauréate 2019 et 2021 des trophées de l’innovation de la SITL (catégorie ‘‘service, transport et logistique’’). Créée en 2018, cette start-up roubaisienne aide les agriculteurs à accroître, en moyenne, leurs revenus de 500 euros par mois. À condition de posséder un espace de stockage sécurisé d’au moins 200 m² ainsi qu’un chariot élévateur, un transpalette ou un tracteur à fourches.

« Aujourd’hui, le réseau d’Agrikolis dispose de 298 fermes-relais réparties dans toute la France », indique Cédric Guyot, le président cofondateur qui emploie une dizaine de salariés. Près de 1 700 agriculteurs souhaiteraient rejoindre le réseau. Depuis 2019, environ 400 000 colis auraient ainsi été traités. Point fort, la livraison en ferme-relais est plébiscitée par 50 % des clients ruraux. L’occasion, pour les agriculteurs, de rencontrer leurs voisins et de leur vendre des produits de la ferme. En projet, la flotte d’Agrikolis roulera au GNV et repartira livrer en ville des produits de la ferme.

© Maxence Rysmann

 

Wello, une alternative à mi-chemin entre la voiture et le vélo

Pour réduire l’empreinte écologique des migrations pendulaires et décongestionner le trafic, la start-up réunionnaise créer un triporteur à l’énergie solaire.

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Wello dispose d’une gamme de trois véhicules dont un pour la livraison urbaine d’une capacité de 500 l. © Wello

Implantée à la Réunion et au Mans, la start-up Wello est née en 2015 sous l’impulsion d’Arnaud Chéreau, ingénieur en aéronautique qui part d’une réflexion simple : « Pourquoi utiliser un véhicule thermique de plusieurs tonnes pour parcourir une dizaine de kilomètres ? » Fort de cette réflexion, il élabore avec son équipe Wello, un triporteur à assistance électrique qui combine les avantages du vélo (écologie, économie, facilité de stationnement) à ceux de la voiture (confort, sécurité, emport et connectivité). Résultat, les émissions de CO2 du Wello seraient 25 fois moindres que celles d’un véhicule thermique léger, à savoir 6,37 g/km. Léger et compact, ce vélo-cargo d’à peine 80 kg se décline en plusieurs gammes pour répondre aux besoins des professionnels. Quant au volume de stockage, il va jusqu’à 500 l. Voire davantage puisqu’il est possible d’ajouter une remorque. Par ailleurs, Wello possède une technologie pendulaire pour assurer sa stabilité et dispose d’une appli mobile de de géolocalisation ainsi que des services numériques de gestion de flotte. Enfin, des panneaux photovoltaïques situés sur le toit viennent accroître l’autonomie du triporteur jusqu’à 100 km.

© Maxence Rysmann

 

COC86 : le B100 de la région Centre-Ouest

Ce biocarburant est issu du colza 100 % français.

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La coopérative Centre-Ouste Céréales (COC 86) dispose d’une capacité de production de 115 000 m³ à destination des flottes captives de transporteurs touriers de marchandises. © COC 86

La coopérative Centre-Ouest Céréales (COC 86) veut faire d’une pierre deux coups : réduire la dépendance de la France en protéines végétales pour l’alimentation du bétail et en biocarburant B100. « Construite en 2017, notre usine de Chalandrey (86) raffine des céréales, principalement du colza, fabrique 2/3 de biocarburants et 1/3 de d’huiles végétales, explique Thierry Barrois, directeur du pôle B100 à la COC 86. En 2020, nous avons décidé de commercialiser le COC100, notre propre B100 qui permet de substituer intégralement le gazole des camions, en réduisant les gaz à effet de serre de 60 % et les particules de 80 % » Particularité de la démarche : la coopérative est l’unique organisme qui récolte le colza dans un rayon de 100 à 150 km, le triture, l’esthérise pour le transformer en B100 et le commercialiser. « Nous offrons une couverture sur toute la France aux flottes captives de camions. Pour l’heure, nous avons 30 clients transporteurs chez lesquels nous installons nos cuves », reprend Thierry Barrois. Soit un volume de 10 000 m³ alors que la coopérative a une capacité de 115 000 m³. À l’instar des autres fabricants de B100, la COC 86 espère que la réglementation lui attribuera le label Crit’Air 1, passeport pour les ZFE.

© Erick Haehnsen

 

Des containers mobiles montés sur VUL électrique

Cette solution imaginée par le toulousain Ze Combi va contribuer à massifier et à sécuriser les livraisons du dernier kilomètre.

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 Ce véhicule utilitaire électrique embarque deux containers montés sur des roues rétractables. © Ze Combi

Avec le développement de l’e-commerce, les bases logistiques de proximité se multiplient dans les centres-ville. Pour la livraison du dernier kilomètre, le toulousain Ze Combi a imaginé des conteneurs mobiles faciles à embarquer sur des camions, bateaux ou tramways. De la taille d’une palette Europe, ces caisses sont montées sur un système breveté de roues rétractables. De quoi les charger aisément sur un utilitaire électrique également conçu par Ze Combi, spécialiste des solutions de mobilité décarbonée. À l’instar de ce VUL électrique qui roule à la vitesse maximale de 50 km/h pour une autonomie de 70 à 80 km. Il peut embarquer jusqu’à deux conteneurs avec une capacité allant jusqu’à 3 m³ et 400 kg de charge utile. Le véhicule peut ainsi livrer en une journée le même volume qu’un camion de 8 m³. Grâce à cette solution, les transporteurs peuvent mutualiser les flux entrants et sortants. Et ce, en toute sécurité puisque les conteneurs sont traçables. Présenté à Solutrans, Ze Combi vient de démarrer une expérimentation à Lyon avec Urby, une filiale de La Poste.

© Eliane Kan