Interview de Christèle Leblanc, gérante des sociétés de transport T2CL (bennes TP) et de LCD Transports (bennes céréalières) qui emploient chacune cinq salariés basées respectivement au Loroux et à Fleurigné (Ille-et-Vilaine).   

Comment organisez-vous la collecte des données sociales ?  

Grâce au logiciel Tachogest (Sogesmatic), j’extrais les données des cartes conducteurs toutes les données sociales et les analyse pour sortir le document de prépaie. Et ce, en tenant compte des heures supplémentaires à 25 % ou 50 %, des heures d’équivalence, des découchés et des repas. Cette solution analyse également les éventuelles infractions concernant les temps de conduite, la coupure obligatoire de 11 heures deux fois par semaine… Si je constate une infraction, je rappelle la réglementation au conducteur par courrier. Quant aux jours de repos compensateur, ils sont calculés au trimestre en fonction des heures supplémentaires : entre 41 et 79heures supplémentaires, les conducteurs ont droit à une journée de repos et, au-delà, à un jour et demi.   

Et concernant la paie ?   

Depuis 7 ans, j’utilise Isapaye d’Isagri. Au début, une formatrice est venue paramétrer mes dossiers en fonction des spécificités liées au transport. Le logiciel se met à jour automatiquement. Dès l’ouverture, je suis informée des différentes mises à jour disponibles : taux de cotisations nationaux, spécificités transports, réductions de charges, taux d’accident du travail… Il me reste à vérifier les prévoyances et les mutuelles. Dans la pratique, je saisis le document de prépaie dans une grille du logiciel. 30 minutes me suffisent pour saisir, vérifier et éditer 5 paies.  

Comment entrevoyez-vous l’impact des revalorisations salariales en discussion actuellement ?  

Nous sommes adhérents à la FNTR. On y parle d’une revalorisation des salaires + 5 % avec application rétroactive au 1er février, puis une nouvelle augmentation de +1 % le 1er mai prochain, qui va représenter un surcoût de 300 à 320 euros pour 210 heures par mois et par salarié : 163 euros de salaire brut en plus, 161 euros de charges patronales dont une perte de 84 euros sur l’abattement Fillon, liée à la nouvelle réglementation du 1er janvier 2022. Il en résulte une augmentation de près de 3 800 euros sur 12 mois par conducteur. Rien n’est signé mais la situation peut devenir difficile car nous aurons du mal à répercuter ces hausses sur nos tarifs de vente même si nous essayons de négocier une revalorisation de 2 % ou 3 % auprès de certains clients.   

Qu’en est-il de la Déduction forfaitaire spécifique (DFS) ?  

Elle n’est pas obligatoire et je ne l’applique pas. Certes, ce serait un avantage pour l’entreprise car elle procure un abattement sur le brut et donc des charges patronales moins élevées. Mais cet abattement pénalise le salarié en cas d’arrêt de travail pour le calcul de ses indemnités journalières et diminue également le salaire retenu pour ses droits à la retraite.   

© Propos recueillis par Erick Haehnsen / Agence TCA