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La crise sanitaire accélère la transformation numérique 
des agences d’intérim

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©Pexels-The Coach Space

Signature électronique, applications smartphone pour aider les intérimaires à prendre connaissance des consignes de sécurité et envoyer leurs relevés d’heures… Autant de services qui permettent aux transporteurs utilisateurs d’intérim de gagner en productivité.

Le secteur de l’intérim retrouve des couleurs. Après une année 2020 marquée par un effondrement des demandes à la fin du mois de mars, l’année 2021 s’annonce prometteuse pour les entreprises du travail temporaire. Sur ce marché dominé, tous secteurs confondus par les trois géants nationaux Adecco, Manpower, et Randstad, cohabitent plus d’un millier d’enseignes. Certaines ont des agences dédiées au transport et à la logistique (TL). Outre Randstad qui en comptent 34, citons Lip qui recensent 28 agences expertes en transport et logistique sur un réseau de 134 entités ou encore R.A.S Interim (160 agences) qui revendique 30 % des parts du marché. Du fait de la pénurie qui pèse notamment sur les métiers de la conduite, le secteur transport-logistique emploie 10 % d’intérimaires de plus qu’en avril 2019. À cette période, le secteur comptait 19 873 salariés intérimaires. « Selon notre prévision, il y en aurait 2 000 de plus en 2021 », indique Michel Chalot, président de la FNTR Alsace et président de la Commission paritaire nationale pour l’emploi et la formation professionnelle (CPNE-FP) ainsi que de l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications du transport et de la logistique (OPTL). Le marché de l’intérim reprend des couleurs sur le secteur du transport et de la logistique très demandeur. « Le taux de recours à l’intérim y atteint 7 % en 2019 soit presque le double de celui de l’économie globale (moins de 4 %) », explique Valérie Castay, consultante à l’AFT, l’association pour la formation professionnelle dans les métiers du transport et de la logistique, et coordinatrice du rapport annuel cofinancé par l’AFT et Opco Mobilités.

Banalisation de la signature électronique

À l’instar de bien d’autres secteurs économiques, le redémarrage de l’activité a poussé les opérateurs d’intérim à accélérer leur transformation digitale. Après la dématérialisation des documents, certains passent à la robotisation de la relation client. Voire au recrutement en visioconférence. « Je pense que ces innovations vont se pérenniser, estime Valérie Castay. Mais il y a des limites. On a quand même besoin de se rencontrer car les candidats ne se comportent pas toujours de la même manière en présentiel qu’en distanciel. » Côté dématérialisation des documents, un bon nombre de tâches administratives sont effectuées en télétravail. « De même, les contrats sont transmis de façon digitale. Quant à la signature électronique, elle tend à se banaliser », constate Michel Chalot.

Robot de recrutement

En matière de digitalisation des processus métiers, Randstad France, le numéro trois français, prend une longueur d’avance avec sa plateforme d’intérim 100 % numérique. Baptisée Randstad Direct Workforce elle s’adresse notamment à une jeune génération de clients qui veulent piloter eux-mêmes leurs besoins en matière d’intérim. . Parmi ses outils, on trouve un chatbot de recrutement, le fameux Randy. Fonctionnant 24h/24, ce robot va échanger avec les intérimaires pour les aider à identifier un poste et les recruter en fonction de leur formation et de leurs compétences. En outre, un outil de planification, Youplan, s’adresse aux entreprises ayant des besoins élevés en matière de recrutement. En cas de besoin, le recruteur va entrer son besoin sur le planificateur afin d’accéder au vivier d’intérimaires déjà sélectionnés par les consultants de Randstad. Point fort, seuls les candidats ayant indiqué en ligne leur disponibilité y sont visualisés. Si leur candidature est validée, ils recevront une notification sur leur application smartphone dédiée qui leur indiquera notamment la nature de leur mission. Ensuite, il suffira au recruteur de se rendre sur son portail RH pour gérer les contrats, relevés d’heures, factures, etc.

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François Hux (Pixid) : « Notre plateforme valorise automatiquement les relevés d’heures des intérimaires. » © Pixid

Dématérialisation des contrats

La dématérialisation de ces documents n’est pas nouvelle pour Adecco, Manpower et Randstad qui ont tous trois impulsé en 2004 la création de la plateforme Pixid. Laquelle met en relation les agences d’intérim avec plusieurs milliers d’entreprises utilisatrices. Lesquelles se servent de cet espace numérique collaboratif pour digitaliser la gestion et le pilotage de leurs activités quand elles recourent à l’intérim ou aux contrats flexibles. 

Par exemple, elles peuvent adresser leur demande de cariste ou de conducteur à leurs fournisseurs de travail temporaire (TT) habituels pour qu’ils lui envoient des candidatures. Une fois le candidat retenu, l’entreprise de TT transmettra le contrat dématérialisé de mise à disposition pour qu’il soit signé électroniquement par son client. Idem pour la facture. « Nous fournissons d’ailleurs un système qui valorise automatiquement les relevés d’heures et contrôle la facture. Ce qui évite les erreurs », indique François Hux directeur commercial de Pixid.

Casque de réalité virtuelle

« Sur nos 700 agences réparties partout en France, environ trente, basées principalement dans les grandes agglomérations, sont spécialisées dans le transport et la logistique », indique Xavier Courtois, responsable national Grands Comptes de ManPower France. L’entreprise ne se contente pas de recruter et de former de nouveaux candidats pour ses clients. À la demande de ses clients, elle met aussi en place des contenus de formation pour sensibiliser les intérimaires aux risques de leur métier. Avant leur intégration, qu’ils soient caristes ou conducteurs, les intérimaires passent des tests spécifiques à leur activité. Ces exercices prennent une dimension ludique car ils recourent à une application de réalité virtuelle (RV). Coiffé d’un casque de RV, l’intérimaire devra désigner toutes les situations à risque. En cours de finalisation pour le secteur du transport et de la logistique (elle fonctionne déjà dans le BTP), cette application sera disponible à terme dans les agences d’intérim de ManPower.

 

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Xavier Courtois (Manpower France) : « Sur nos 700 agences réparties partout en France, environ trente sont spécialisées dans le transport et la logistique. » © ManPower

Application numérique pour intérimaire

Les grandes agences généralistes ne sont pas les seules à dématérialiser leurs processus métiers. En témoigne aussi le groupe R.A.S Intérim. « À partir de septembre prochain, nos conducteurs pourront transmettre leurs heures de conduite depuis leur téléphone portable, ce qui leur évitera de se rendre en agence », fait savoir Vincent Girma, président de R.A.S Intérim. L’entreprise, qui fait rouler un conducteur sur trois, est leader dans le secteur du transport. Avec ses 160 agences dans toute la France et ses 800 collaborateurs, elle prévoit de réaliser plus de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires contre 348 millions d’euros en 2020. Point fort par rapport aux grandes agences généralistes, elle dispose d’un service fonctionnant 24h/24 et 7 jours/7. De quoi répondre aux demandes urgentes de ses clients. Notamment quand il faut remplacer au pied levé un conducteur à trois heures du matin.


© Eliane Kan et Erick Haehnsen – Article publié dans l’Officiel des Transporteurs