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© Laboratoire RNM

Bas-Rhin: Lamina Therapeutics se lance dans la nanomédecine régénérative

Cette jeune startup strasbourgeoise développe un dispositif qui combine un pansement thérapeutique nanostructuré et des cellules souches. L’enjeu est de restaurer et régénérer os et cartilages des genoux atteints d’arthrose.

Certaines affections chroniques sont particulièrement douloureuses. C’est le cas de l’arthrose qui touche plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde. Ces douleurs sont dues à la lente dégradation du cartilage des articulations. Ce processus peut aboutir à la pose d’une prothèse. Une opération lourde que l’on pourra éviter demain grâce aux avancées de la médecine régénérative. Laquelle consiste aujourd’hui à injecter des cellules souches afin de réparer un tissu ou organe en remplaçant des cellules déficientes ou absentes. En combinant cette technique avec un dispositif médical innovant, Lamina Therapeutics, une jeune startup strasbourgeoise, espère restaurer mais aussi régénérer l’os et le cartilage de l’articulation du genou. Dans cette perspective, l’entreprise créée en août dernier sous le nom de Lamina Technologies (nom en cours de changement) vient de signer un contrat auprès de la Satt (Société d’accélération du transfert de technologies) Conectus Alsace. Ce qui lui concède l’exploitation de trois brevets déposés par l’unité Inserm UMR 1260 / Laboratoire RNM (Nano Médecine Régénérative). L’équipe de recherche est dirigée par la professeure Nadia Jessel, également membre et fondatrice de Lamina Therapeutics.

Des nanoréservoirs de 50 nanomètres

À l’origine, le projet de maturation a été financé à hauteur de 450 000 euros par la Satt en 2014. Il bénéficie aussi de l’aide de la région Grand Est et du Fonds européen de développement régional (Feder). Après avoir réussi les tests précliniques sur les petits et les grands animaux, la startup prévoit les premiers essais cliniques sur des patients dès l’an prochain. Ceux-ci se verront apposer sur la lésion du genou un implant constitué d’un pansement thérapeutique. Il s’agit d’une membrane nanostructurée de 40 à 50 microns d’épaisseur. Conçue pour régénérer l’os sous chondral (situé sous le cartilage), elle est recouverte de nanoréservoirs de 50 nanomètres contenant une substance thérapeutique destinée à régénérer l’os. Ces nanovésicules recouvrent des nanofibres dont la taille n’est que de 500 nanomètres.

Pansement nanostructuré à deux étages

La présence de ces nanofibres est importante car elle offre un environnement naturel aux cellules qui en sécrètent elles-mêmes. « Ce pansement nanostructuré est constitué de deux étages », explique Nadia Jessel. Le premier, placé au contact de la lésion, délivre la substance active qui va recruter les cellules osseuses afin de régénérer l’os sous-chondrale du genou. Tandis que le second étage est recouvert d’un hydrogel et de cellules souches du patient afin de régénérer cette fois-ci le cartilage.

Plus de 2 millions d’euros levés en septembre dernier

Pour l’heure, la fabrication de la membrane se fait en prestation externe. « La production démarrera à Strasbourg dès que nous aurons acquis une machine d’électrospinning dédiée à la fabrication de nanofibres », explique la cofondatrice de Lamina Therapeutics qui a levé un peu plus de 2 millions d’euros en septembre dernier. Cette levée complète les différentes aides déjà reçues. Dont, cette année, 600 000 euros accordés par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et 90 000 euros par Bpifrance. Les essais cliniques vont durer trois ans. À cette échéance, la startup saura si la technologie doit être améliorée ou non.

© Eliane Kan