Publié dans LesEchos.fr le 22 décembre 2020. Lauréates du plan de France relance pour l’automobile, onze sociétés haut-savoyardes comptent moderniser leur parc de machines et innover dans leur produit, notamment pour diversifier leurs marchés. Voire relocaliser en France certaines opérations industrielles.
Pilier de l’économie française avec 210 000 emplois en 2019 selon Rexecode, l’industrie automobile a été particulièrement impactée par la crise sanitaire, compte tenu de la forte baisse au marché automobile en Europe. En effet, l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) mesure la contraction du marché à hauteur de 25,5 % (dont 25,9 % pour la France) sur les onze premiers mois de l’année à 9 millions de voitures particulières produites, soit une perte de 3 millions d’unités par rapport à l’année dernière. Or c’est dans ce contexte que l’industrie automobile doit relever le défi de la voiture du futur : électrique, hybride ou hydrogène.
66 projets soutenus à hauteur de 69 millions d’euros par l’État
Pour accompagner cette transition, France relance s’est dotée d’un fonds de 200 millions d’euros en 2020 et de 600 millions d’euros sur trois ans afin d’accélérer les investissements en automatisation et en numérisation des procédés industriels. Suite à l’appel à manifestation d’intérêt (Ami) du 23 juin au 31 juillet 2020, l’appel à projets ouvert du 1er septembre au 17 novembre a recensé 800 projets. L’instruction des dossiers se faisant au fil de l’eau, 66 nouveaux projets automobiles sont portés par 62 entreprises. Soit un total de 193 millions d’euros d’investissements productifs soutenus à hauteur de 69 millions d’euros par l’État. Au menu : modernisation, innovation, relocalisation et décarbonation. En Auvergne-Rhône-Alpes, 28 projets automobiles ont été annoncés. Pour sa part, la Haute-Savoie, compte onze lauréats : Arcom Industrie, Baud Industries, Bonioni, Bontaz, Clufix, Drault Décolletage, Duchosal, DVF Décolletage, Ham et Samo.
Moderniser les processus de production
En témoigne le spécialiste de l’usinage (tournage, fraisage, rainurage, gorges, perçage, alésage…) Ham France (CA : 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019) à Peillonnex. Avec son projet éponyme, la société s’apprête à supprimer toute machine conventionnelle au profit de machines automatisées en liaison étroite avec son bureau d’études. Dans le même esprit, Clufix se spécialise dans les composants d’assemblage techniques innovants. Avec son projet Devcamelec, cette PMI de 65 personnes basée à Cluses vise à innover dans l’industrialisation d’une gamme de composants spécifiques pour les voitures électriques, hybrides rechargeables et hydrogène. Même cible de marché pour Samo à Bonneville.
Initialement spécialisée dans la rénovation de machines-outils principalement pour le marché automobile, la société modernise son parc de machines à hautes performances afin de fabriquer des pièces complexes. De son côté, Bonioni située à Scionzier, s’inscrit dans la mouvance de l’industrie 4.0. Ce fabricant de visseries par la technologie de la frappe à froid veut ainsi gagner en compétitivité, décrocher de nouveaux marchés et progresser vers le zéro défaut. Pour sa part, Arcom Industrie, qui, à Saint-Pierre-en-Faucigny, fabrique des pièces de moteurs électriques et thermiques pour l’automobile, acquière des machines modernes se diversifier dans la production de vis et écrous à billes pour le secteur médical.
Rapatrier des productions en France
Avec Drault Décolletage à Ayze, Duchosal à Thyez et DVF Décolletage à Scionzier, la Haute-Savoie affirme son rôle phare dans le décolletage. Toutes ces sociétés prennent le train de France relance pour moderniser leur appareil de production. Mais, à Vougy, Baud Industries va un cran plus loin. Équipée de machine à commande numérique et de machines spéciales à hautes performances, cette société de décolletage veut se numériser au travers d’un progiciel de gestion d’entreprise (ERP) et d’un progiciel d’exécution de campagnes de production (MES). Surtout, elle veut investir dans trois cellules robotisées pour rapatrier ses opérations de tri en France. Dans la foulée, Baud Industries compte aussi réaliser un atelier de prototypage. Autant d’axes stratégiques pour faire du Made in France.
© Erick Haehnsen