Publié dans LesEchos.fr le 17 décembre 2020. Cette expérimentation financée par l’Etat et les départements permet d’embaucher des personnes sans emploi pour exercer des métiers répondant aux besoins des territoires.
Le chômage longue durée n’est pas une fatalité. Strasbourg veut y croire. Lors d’une délibération qui s’est tenue lundi dernier, la commune a décidé d’adhérer à l’association Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD). Rassemblant 135 porteurs de projets, cette organisation présente sur toute la France démontre qu’il est possible de fournir à un chômeur de longue durée un emploi en CDI par la création d’activités utiles au territoire. Et ce, sans surcoût significatif pour la collectivité.
1 000 emplois en activité
Depuis 2016, dix territoires en font l’expérience. Ce qui a permis de créer 1 200 emplois dont près de 1 000 sont toujours en activité. Les chômeurs de longue durée sont recrutés au Smic par une entreprise à but d’emploi créée à cet effet. C’est d’ailleurs elle qui reçoit les indemnités chômages ou le RSA auxquels les personnes avaient droit. Cette expérimentation menée initialement pour cinq ans a été instituée par une première loi du 29 février 2016. Elle va d’ailleurs être prolongée pour cinq ans grâce à la nouvelle loi n°2020-1577 du 14 décembre 2020. Le texte publié le 15 décembre 2020 au JO étend l’expérimentation à un minimum de 50 territoires supplémentaires. Au-delà de 60 territoires, il sera possible d’en augmenter le nombre par décret.
Schiltigheim bien avancée
Strasbourg ne compte pas déposer son dossier de candidature avant la fin de l’année prochaine car le processus est le fruit d’un long travail. Il lui faut sélectionner les quartiers où se déroulera l’expérimentation mais aussi identifier les chômeurs et les métiers à leur proposer. Strasbourg n’est d’ailleurs pas la seule commune du Bas-Rhin à vouloir candidater au TZCLD. Deux autres communes l’ont précédée dans cette démarche. À commencer par Schiltigheim qui est la première à avoir adhéré à l’association en juin 2019. Cette commune de près de 32 000 habitants compte 4 300 personnes au chômage dont 2 000 depuis plus d’un an.
Chargés de mission fraîchement recrutés
« Nous avons recruté début novembre deux chargés de mission grâce à un financement du Fonds social européen », indique Martin Henry adjoint au maire. Ces deux recrues vont recevoir les demandeurs d’emploi afin de trouver des volontaires. L’idée est de constituer des groupes afin de réfléchir avec eux sur des travaux utiles et voir si cela correspond à leur savoir-faire et à leurs désirs de métier. La commune espère démarrer avec quatre métiers et créer quelques dizaines de postes dans un premier temps.
L’Eurométropole veut s’impliquer
De son côté, la ville d’Illkirch-Graffenstaden n’est pas aussi avancée en dépit des efforts menés par l’association locale TZCLD qui s’était entendue avec la précédente équipe municipale. Désormais, elle attend que les nouveaux élus s’engagent dans ce projet. La signature d’Illkirch semble toutefois entendue pour l’Eurométropole de Strasbourg qui veut s’impliquer elle aussi dans l’expérimentation en adhérant à l’association TZCLD. Un vote devrait avoir lieu sous peu afin que l’Eurométropole puisse coordonner l’action des trois communes bas-rhinoises. Si elles sont retenues, les acteurs du territoire comme Pôle emploi, les Chambres de commerce et d’industrie, etc. n’auraient plus qu’un seul interlocuteur devant eux. De quoi gagner du temps et en efficacité.
© Eliane Kan