Publié dans LesEchos.fr le 9 décembre 2020. Avec Tract’moi, deux élèves ingénieurs à l’Icam de La Roche-sur-Yon ambitionnent d’équiper les engins agricoles d’un support pour deux-roues électrique. Sur ses terres, l’agriculteur dispose ainsi d’un véhicule décarboné pour ses courts déplacements. Ce projet vient d’être distingué par le concours Agreen Startup qui valorise l’innovation et l’agro-écologie.
Issus du monde rural, Baptiste Cormerais et Clovis Richard savent que l’autonomie de transport est une problématique récurrente pour les agriculteurs. En effet, une fois arrivé en tracteur dans ses champs, le cultivateur est contraint, pour tout déplacement au cours de la journée, soit de solliciter son entourage pour le véhiculer, soit de reprendre le tracteur même pour un court trajet. Forts de ce constat, ces élèves-ingénieurs en quatrième année à l’Icam de La Roche-sur-Yon ont imaginé Tract’moi. Ce dispositif adaptable sur tous les engins agricoles est destiné à supporter vélo ou trottinette électrique et à assurer la charge de la batterie. Le principe a convaincu le jury d’Agreen Startup qui lui a décerné son deuxième prix lors la version virtuelle du salon Tech’Elevage de La Roche-sur-Yon en novembre dernier.
Un investissement rentabilisé en deux ans
Imaginé en 2014 par la Chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire, Agreen Startup favorise les projets innovants à valeur environnementale au service de l’agriculture. Désormais la marque est déclinée à l’échelle nationale par toutes les chambres d’agriculture lors des salons professionnels. Ainsi dès qu’ils ont su qu’un concours Agreen Stratup serait adossé à Tech’Elevage, Baptiste Cormerais et Clovis Richard ont postulé. Ils ont mis les bouchées doubles dans la conception d’un projet qui répond à une problématique vécue au quotidien dans leur famille. Concrètement, le dispositif Tract’moi se fixe à l’attelage avec trois points à l’avant ou l’arrière de l’engin agricole. Il intègre une station de recharge électrique pour assurer l’autonomie du deux-roues. À cette mobilité douce, les étudiants opposent la nuisance sonore et l’encombrement d’un tracteur sur la route. Sans compter les cinq euros quotidiens de fuel induits par un aller-retour pour une pause déjeuner à cinq kilomètres. À ce rythme, ils jugent que deux ans suffiraient pour rentabiliser l’achat de leur invention, commercialisable entre 800 et 1 200 euros.
Un faisceau de compétences autour du projet
Avec près de 450 000 exploitations agricoles en France, ils tablent sur un vaste marché et une ouverture sur l’export européen facilité par le principe universel de l’attelage trois points. Déjà, ils envisagent une distribution via les vendeurs de matériel agricole et les concessionnaires de tracteurs. Par ailleurs, ils entendent nouer des partenariats avec les fournisseurs de deux-roues électriques. De fait, les ingénieurs ont dû défendre le potentiel de leur projet face au jury d’Agreen Startup. Leur deuxième prix les fait bénéficier de douze mois d’accompagnement par le Centre de ressources en innovation de La Roche-sur-Yon Agglomération, valorisé à hauteur de 4 500 euros. S’y ajoute un an d’hébergement dans l’espace de co-working La Loco Numérique ainsi que des prestations de communication par La Fabrik 3.0. Si Baptiste Cormerais et Clovis Richard entendent faire bon usage de ces aides, ils savent aussi qu’il faudra néanmoins changer les habitudes des agriculteurs.
Marie-Catherine Dolhun / Agence TCA