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La robotisation des entrepôts se cherche une voie dans le mode locatif

Publié dans L’Officiel des Transporteurs. De plus en plus d’entreprises s’intéressent aux robots mobiles et aux bras articulés qui peuvent contribuer à réduire la pénibilité des tâches, tout en gagnant en productivité. Pour inciter les PME à sauter le pas, certains fabricants proposent leurs solutions en mode locatif afin d’éliminer la barrière du coût.

Pénurie de main d’œuvre, pénibilité des tâches, vieillissement des collaborateurs et des équipements… outre ces nombreux défis sociétaux, les entrepôts logistiques sont aussi confrontés aux nouvelles contraintes du e-commerce. Lesquelles se traduisent par une rotation de stock élevée et des pics de production saisonniers qui réclament une flexibilité et une productivité accrues. Face à ces enjeux, les robots constituent une réponse pour automatiser les tâches les plus pénibles. D’autant qu’en massifiant leurs flux, les entrepôts logistiques deviennent aussi voire plus étendus que des usines. Ce qui augmente la fatigue et la pénibilité qu’endurent les préparateurs de commandes, souvent obligés de marcher une quinzaine de kilomètres par jour. A cela s’ajoutent le déchargement des palettes ou encore le tri des cartons. Des tâches sans valeur ajoutée qui sont appelées à s’automatiser.

C’est d’ailleurs ce que visent les fabricants de bras articulés comme Kuka, Yaskawa ou encore Universal Robots. Cet acteur historique du marché a décidé de proposer ses bras aussi bien à la vente qu’en mode locatif. Idem d’ailleurs pour Mobile Industrial Robots (Mir) qui se positionne sur le marché de la robotique mobile. Un domaine où excellent les sociétés françaises comme E-Cobot, Exotec ou encore Scallog. Avec leurs robots autonomes également appelés cobots (contraction de collaboratif et de robot), il suffit d’envoyer depuis une tablette ou un smartphone un ordre de mission pour que la machine aille chercher les palettes ou les colis attendus. De quoi concurrencer les AGV (Automated Guided Vehicle) qui réclament d’installer des infrastructures au sol (rails métalliques ou visuels) ou sur les murs (repères).

Vision à 360°

En revanche, ces drones terrestres ont besoin d’évoluer dans un environnement couvert par le WiFi afin de recevoir leurs missions. Tout en ayant une vision à 360°, ces robots sont bardés de lasers, caméras 3D et autres capteurs qui leur permettent aussi de cartographier les lieux de sorte à être autonomes dans leurs déplacements. Sécurité oblige, ils savent aussi contourner des obstacles ou s’arrêter devant des piétons. Autre point fort, ces robots sont très faciles à programmer par un opérateur grâce à leur interface de commande déployée sur tablette.

« Depuis le lancement de nos premiers robots, nous en avons déployés plus de 3 000 notamment aux États-Unis, dans le sud de l’Europe et bien sûr en France où plus d’une centaine sont installés », rapporte Olivier Pommares, responsable commercial pour la France de Mir. Rassemblant plus de 200 collaborateurs dans le monde, ce fabricant d’origine danoise et filiale du groupe Teradyne consacre 35 % de son chiffre d’affaires à la R&D. L’entreprise propose quatre robots différents pour le transport ou la traction de charges allant de 100 kg pour le Mir 100 à une tonne pour le Mir 1000. Traditionnellement disponibles à la vente, ces engins sont proposés à la location depuis 2019. Pour un robot Mir 100, il faut compter entre 500 et 600 euros par mois sur un contrat locatif de quatre ans. En termes de ROI, le calcul est vite établi car le robot peut accomplir le travail de deux opérateurs en une seule journée.

Programmes de location avec des spécialistes du financement

Pour proposer cette formule locative, Mir a noué un partenariat avec DLL Finances, un spécialiste mondial du financement aux fournisseurs. Ce dernier a d’ailleurs signé en janvier dernier un partenariat avec Universal Robots, le fabricant de bras articulés collaboratifs six axes. Conçus pour travailler côte à côte avec un humain ou coopérer avec lui, ceux-ci savent dévraquer, palettiser ou dépalettiser, ouvrir des cartons ou les confectionner, voire les empiler les uns sur les autres. « De leur côté, les opérateurs peuvent se mobiliser sur d’autres opérations, comme la customisation, le contrôle qualité et les processus métier », commente Adrien Poinssot, directeur commercial France d’Universal Robots. Autre filiale de l’américain Teradyne, cette firme également danoise a déjà vendu 43 000 bras robotisés depuis leur lancement.

Grâce à son écosystème de fournisseurs, l’entreprise créée en 2005 compte plus de 220 produits qui peuvent se raccorder en Plug and Play sur les bras articulés. Ils permettraient notamment à un cobot de naviguer sur un robot mobile autonome et de faire du copacking, à l’instar des tâches qu’il effectue chez FM Logistic. Désormais, Universal Robots compte déployer ses robots collaboratifs au sein des PME grâce à ses programmes de location et de financement développés avec DLL Finances. La formule est attractive. Pour un contrat de location de cinq ans, il en coûterait entre 300 et 600 euros par mois, équipements additionnels et coûts de déploiement compris. « Ce prix ne prend pas en compte les coûts de la formation qui, d’ailleurs, peut être suivie gratuitement à distance grâce à notre académie en ligne », souligne Adrien Poinssot qui considère que, pour une PME, il n’y a plus de barrière financière pour passer à la robotique.

Location ponctuelle pour les pics d’activité

De son côté, Scallog propose aussi ses drones logistiques mobiles à la vente et en location. Dans ce cas, ses clients peuvent louer ponctuellement un ou plusieurs robots mobiles afin d’étoffer, le temps d’un pmic d’activité, leur parc de robots. A la différence des robots Mir, les cobots de Scallog sont conçus pour acheminer les étagères au pied de l’opérateur. Lequel n’a plus à parcourir des distances marathoniennes chaque jour pour aller chercher les articles dans les étagères. Le Boby, du nom de ce cobot, doit néanmoins circuler dans un espace dédié. « Depuis leur commercialisation, en 2015, nous avons déployés entre 300 et 400 Boby, majoritairement en France », indique Catherine Philonenko, responsable marketing et communication chez Scallog. Créée en 2013 par son président Olivier Rochet, l’entreprise compte parmi ses clients Colis Privé, Geodis, le groupe Hopps, etc. Forte d’une cinquantaine de salariés (plus des deux tiers sont ingénieurs), la PME conçoit et fabrique ses robots à Nanterre (Hauts-de-Seine). Boby en est d’ailleurs à sa cinquième génération. Plus design que ses prédécesseurs, le dernier né parcourt 1,5 m/s à vide, puis 1,2 mètre par seconde une fois chargé, sachant qu’il peut porter jusqu’à 600 kg. La solution délivrée par Scallog comprend également un logiciel qui s’interface avec le système de commandes de l’entrepôt ainsi que des étagères spécifiques sur lesquelles sont rangés les produits à leur arrivée dans l’entrepôt.

La productivité est quadruplée

Dès lors, quand le robot va chercher des marchandises, il se glisse sous l’étagère concernée pour la véhiculer en suivant des bandes optiques au sol jusqu’au préparateur de commandes. Ce dernier n’a donc pas à se baisser puisque les articles sont placés à sa hauteur. « Avec notre solution, les entreprises utilisatrices ont multiplié par quatre la productivité de leurs opérateurs », indique Catherine Philonenko dont l’entreprise dispose de son propre bureau d’études. Ce service étudie en amont les flux, les simule avant de définir les besoins de l’entrepôt en tenant compte, entre autres, du nombre de lignes de commandes préparées à l’heure, de la superficie des lieux et de la rotation des flux. De quoi optimiser l’investissement avant même de déployer les robots.

Un drone inventaire

Si, dans leur grande majorité, les acteurs de la robotique d’entrepôts n’ont pas encore sauté le pas de la location, certains s’avancent à pas mesurés. A l’instar de Hardis Group qui, habituellement vend sa solution d’inventaire par drones autonomes Eyesee. En réponse aux demandes clients, il accepte de louer des appareils lorsque ses derniers doivent faire face à des pics d’activité. « Dans ce cas, les clients doivent réserver leur drone à l’avance », explique Jean-Yves Costa, directeur du programme Eyesee au sein de Hardis group. Rappelons que l’entreprise a noué un partenariat avec le fabricant Squadrone System afin de proposer un drone volant qui automatise l’inventaire en capturant avec ses caméras les codes-barres des palettes et cartons dans les racks. Sa mission se fait en interaction avec un opérateur qui, avec sa tablette, vérifie les données capturées, contrôle le vol du drone et interagit avec lui. Grâce à cette solution, le temps de lecture par emplacement est divisé par cinq, comparé aux inventaires réalisés avec des nacelles. « En procédant à un inventaire, par exemple une fois par semaine, nos clients limitent les risques d’erreur et surtout ils n’ont plus à fermer l’entrepôt pendant plusieurs jours afin d’établir le fameux inventaire fiscal annuel », fait valoir Jean-Yves Costa. Depuis le lancement de l’offre en 2018, Hardis Group compte 18 clients et 25 drones livrés. Cette année, son offre de drones volants va d’ailleurs passer du stade de prototype opérationnel avancé au stade industriel. Signe du décollage imminent du marché ?

Ce drone volant est piloté par un opérateur qui lui assigne des tâches via sa tablette.
©Hardis Group

L’intelligence artificielle dope les performances des cobots

Les algorithmes d’IA améliorent la sécurité des robots mobiles et réduisent les erreurs de picking des bras articulés robotisés.

La libre circulation des robots dans l’entrepôt réclame une sécurité de haut niveau afin d’éviter les accidents avec les piétons par collision. Un besoin bien compris par la start-up française e-Cobot qui propose un robot mobile circulant à 6 km/h. « Il peut porter jusqu’à 150 kilos et tracter jusqu’à une tonne », explique Sébastien Ecaut, président d’e-Cobot qui fabrique à Nantes ses cobots dans son propre atelier d’assemblage. Créée en 2016, cette jeune pousse compte déjà 43 collaborateurs majoritairement ingénieurs et docteurs spécialisés en robotique, design et intelligence artificielle (IA). De quoi renforcer la sécurité du cobot.

En plus de ses capteurs (lasers, caméras 3D, etc.), l’engin, baptisé Husky, embarque de puissants algorithmes d’intelligence artificielle qui lui confèrent une perception aiguë de son environnement et contribue le faire à interagir avec ce qui l’entoure, tout en appliquant les règles de circulation qui ont été déterminées en amont lors de son intégration. D’ailleurs, le robot se distingue de bon nombre de ses concurrents grâce à sa fonction « suiveur ». En plus de se déplacer seul de manière autonome, il sait en effet suivre l’opérateur lorsque ce dernier se déplace afin de transporter des articles ou tracter une remorque lors de préparation de commande. Pour éviter tout risque de collision avec une personne, le cobot dispose aussi d’un système de communication lumineuse et sonore afin d’avertir de son arrivée.

« Concernant la durée de déploiement du Husky, tout dépend de la complexité du projet », soulève le président d’e-Cobot qui se réjouit de démarrer l’année avec un carnet de commandes de plus d’une cinquantaine de Husky qui, le cas échéant, est conçu pour être associé à un bras articulé collaboratif de type Kuka ou Yaskawa afin d’aider l’opérateur dans ses activités de picking.

Reste à limiter les risques d’erreur dans la préparation des commandes. A cet égard, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) se sont appliqués à intégrer des algorithmes d’intelligence artificielle dans des bras robotisés. Une intégration innovante que le français  Element Logic, spécialiste du stockage robotisé pour les entrepôts de toutes tailles, a prévu de montrer à l’occasion de la prochaine Semaine internationale du transport et de la logistique (SITL 2020). L’entreprise compte y dévoiler un bras de picking robotisé développé en partenariat avec RightHand Robotics, start-up américaine issue du MIT. Grâce à sa pince multifonction qui comprend trois doigts de préhension et une ventouse, ce bras peut saisir des articles de toutes tailles, quelles que soient leurs formes et leurs textures. Il dispose également d’une caméra et de capteurs qui reconnaissent les produits déjà traités grâce à un algorithme d’apprentissage automatique (Machine Learning). Autres points forts, cette solution de picking robotisé s’intègre facilement dans n’importe quelle installation existante. En outre, elle est dotée d’une interface utilisateur intuitive, d’une application de reporting en temps réel et d’un service d’assistance en ligne.

Ce bras articulé reconnaît les produits qu’il a déjà manipulé.
©Element Logic